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J’en sors. Le sexe, les mensonges, le SIDA, oui, j’y arrive. Je sors d’une discussion fort intéressante sur le sexe, les mensonges et conceptions faussées véhiculés à propos du VIH/ sida ici à Rome. Un atelier pas anodin du tout. Pas trop d’internet dans tout ça… mais pourquoi pas?
J’en sors. Le sexe, les mensonges, le SIDA, oui, j’y arrive. Je sors d’une discussion fort intéressante sur le sexe, les mensonges et conceptions faussées véhiculés à propos du VIH/ sida ici à Rome. Un atelier pas anodin du tout. Pas trop d’internet dans tout ça… mais pourquoi pas?


Je suis sur place pour trois jours, histoire de rapporter un peu ce qui se passe dans le premier congrès sur la communication pour le développement (WCCD, pour ses sigles en anglais). Il s’agit d’un congrès où académiciens, grands bonzes des Nations Unies et autres personnages en cravate essaye de positionner le champ de la communication comme une force de changement social et un levier sans égal pour sortir les populations marginalisées de leur « sous-développement ».


Puis, il y aussi des ONGs, ces créatures bien bizarres qui existent sous toutes les formes imaginables. Il y en a qui ne font rien d’autre que de suivre le grand train-train élitiste et le tintamarre faux des Nations Unies, des bailleurs de fonds & co. et qui, à la première occasion, se plient aux volontés et visées de la Banque Mondiale, de l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) deux poids lourds de « l’aide au développement » et organisateurs du congrès. Parfois on se demande ci ce cirque du WCCD n’est pas une autre ronde de vacanciers à la conscience tranquille qui, par des affiches de luxe et panels à grand renfort de grosses légumes intellectuelles, expliquent ce qu’est la vraie pauvreté et quels remèdes se doivent d’être administrés…


Mais, il y a aussi ces ONGs, ces organisations sociales qui véritablement brassent la cage et savent de quoi elles parlent. Elles sont essentiellement au poste pour démontrer à ces  mécènes à grands scrupules, que leurs projets en valent la peine, qu’il ne s’agit pas d’un leurre.


L’une de ces ONGs s’appelle Puntos de Encuentro (ou points d’interesection en français) et travaille au Nicaragua. Depuis plusieurs années, cette organisation diffuse les séries télé Sexto Sentido (sixième sense) qui provoquent les téléspectateurs. Alliant communication interpersonnelle et médias de masse, Puntos de Encuentro de niaise pas avec le sex. Ils fabriquent des « soap operas » sociaux et éducatifs au sujet des dangers de contracter le VIH/Sida.


Mais, comme le dit si bien Amy Bank, « Nous ne faisons pas ça dans un contexte facile. L’homophobie est omniprésente » affirme t-elle, insistant sur le fait qu’encore beaucoup de gens au Nicaragua perçoivent l’homosexualité un mal, une insulte aux bonnes mœurs. « Notre but est de briser ces fausses conceptions pour amener les gens à réfléchir aux relations sexuelles et amoureuses d’une autre façon, tout en apprenant au sujet des risques de contamination de maladies transmisses sexuellement ».


Sur un autre continent, Soul City fait exactement le même type de travail depuis dix ans, chiffres à l’appui. Sue Goldstein, une docteure médicale, était de la partie à Rome pour expliquer que 70% des Sud-africains ont à présent vu des émissions de la populaire émission Soul City et qu’en conséquence, les téléspectateurs avides auraient en grande partie changé leurs comportements sexuels et démultiplié leurs visites chez les dépisteurs du VIH/Sida. Pas une petite affaire dans un pays où les victimes du Sida se comptent par milliers à chaque jour et où les partenaires sexuels concurrents (en même temps) nombreux accélèrent la contamination.


Mais à la différence de Soul City, Puntos de Encuentro mise sur la force de l’internet et les innombrables cafés internet pour propager l’éducation sexuelle. Toutes leurs émissions audio et vidéo sont disponibles sous http://www.puntos.org.ni et ne se limitent guère aux enjeux de l’homophobie et du VIH/Sida. Elles prennent également les préjugés face aux transsexuels et transgenres de front en faisant dialoguer des acteurs de toutes orientations sexuelles.


Enfin, si ces initiatives très concrètes peuvent laisser entrevoir un changement social véritable, ancré dans des environnements sociopolitiques difficiles à naviguer, il leur reste à renforcer l’impact qu’ils ont sur leurs auditoires sur le long-terme. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison que Puntos de Encuentro, Soul City et d’autres acteurs de la société civile se sont rendues à Rome. Le WCCD pourrait s’avérer payant, si seulement les sourds financiers et banquiers retrouvaient l’ouie.