Pendant que, de plus en plus, la protection de la vie privée et des données personnelles devient un enjeu stratégique dans le monde, l’Afrique semble encore ne pas saisir son importance à l’ère de l’intelligence artificielle, du big data et des objets connectés.
Certes, une vague de législation sur la protection des données personnelles a été amorcée depuis le début des années 2000, mais il est à noter que le continent est en retard.
En effet, bien que la plupart des constitutions prévoient le droit à la vie privée par la protection des communications électroniques, on constate d’abord que moins de la moitié du continent dispose de lois sur la protection des données, ensuite, des pays qui ont des cadres de protection des données éparpillés dans leurs différentes législations avec des garanties inadéquates, ou encore des pays où l’élaboration du cadre de protection des données est en cours depuis des années.
Enfin, il y a les pays qui disposent d’une législation depuis au moins 10 ans mais dont l’application est faible, et la mise à jour une nécessitée pour prendre en compte le nouvel environnement numérique.
Ces insuffisances sont amplifiées par les progrès technologiques très rapides qui créent eux-mêmes de nouvelles vulnérabilités pour la vie privée et la protection des données en Afrique.
Ainsi, l'Afrique est à la traine, loin derrière les autres continents pour répondre à ces problèmes de confidentialité et de protection des données personnelles.
Pire encore, malgré l'urgence d’un cadre harmonisé de protection renforcée des données, la littérature sur ce sujet en Afrique est encore insuffisante, pour ne pas dire sous-développée, tandis que son élaboration évolue à un rythme très lent.
Ainsi, à la lumière de la situation actuelle concernant un cadre harmonisé de protection de la vie privée et des données personnelles en Afrique, des préoccupations sur l’avenir numérique du continent sont soulevées et doivent être prises en charge.
Ainsi, il est pour l’Afrique une nécessité, d’une réflexion inclusive, au niveau national, régional et continental, afin de voir émerger une vision africaine sur la vie privée et la protection des données personnelles.
En réponse à cette situation, l’Association des Utilisateurs des TIC du Sénégal (ASUTIC) en collaboration avec la Coalition pour la Déclaration Africaine sur les Droits et Libertés d'Internet entend contribuer aux travaux sur la vie privée et la protection des données en Afrique à travers une conférence en ligne, le mardi 27 Octobre 2020.
Cette conférence se situe dans le contexte des insuffisances d’outils de plaidoyer pour la conception et la mise en œuvre de cadre de protection renforcée des données personnelles et la vie privée en Afrique.
L’objectif global est d’explorer les standards normatifs disponibles sur le continent et de proposer des améliorations adaptées au contexte africain.
Cette conférence qui est le début d’une série d’activités, d’un projet de renforcement de la protection de la vie privée et des données personnelles, vise les objectifs suivants:
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Améliorer la protection des données et la protection de la vie privée en Afrique grâce à des analyses factuelles de problèmes spécifiques de confidentialité des données à travers le continent et de leur impact sur la réalisation des droits de l'homme.
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Développer une compréhension du cadre juridique et réglementaire sur la vie privée et la protection des données dans le contexte africain.
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Créer une plateforme de débat et de discussion sur la protection des données et la vie privée en Afrique.
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Développer un réseau de spécialistes de la protection de la vie privée et des données en Afrique.
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Permettre aux organisations de la société civile et à d'autres acteurs africains des droits de l'homme, de plaider pour une législation et des politiques de protection des données fondées sur les droits humains.