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Les crises ont comme facteur commun et potentiel d’être des moments de bifurcation, qui remettent en cause les paradigmes de pensée et modus operandi dominants, ainsi que leurs contradictions profondes voire insurmontables. La crise de la COVID-19 place un miroir sur les problèmes structuraux et systémiques : le système économique mortifère, ses mécanismes d’exploitation reproducteur d’inégalités et met en évidence les fragilités d’un système, du local au planétaire, à courte vue et hyper-individualiste.

Nos choix sociétaux, tels que la croissance et la consommation effrénées, nous entraînent dans une dynamique proprement suicidaire. Nous nous demandons : allons-nous revenir à la dystopie qui passe pour de la normalité ? Cette pandémie a peut-être une vertu : une fenêtre s’est ouverte sur un champ des possibles. Les choses pourraient être tout autrement que cette course à l’abîme et il est possible de se saisir le moment pour proposer des projets de société mobilisateurs, réfléchir sur un programme de demandes de justice sociale et de solidarité internationale pour aujourd’hui et pour demain. « Penser l’après-COVID » suppose de maintenir vivant et aiguisé le regard critique pour ne pas se laisser berner par des solutions factices ou prémâchées de l’intervention des pouvoirs publics, mettant de l’avant des plans de sauvetage du capitalisme visant à faire rerouler la machine à fond la caisse et coûte que coûte.

Nous savons bien que nombreux seront les opportunistes prêts à profiter des « exigences » de l’activité économique, faisant fi des avertissements de toutes les métacrises enchevêtrées (sociale, climatique, sanitaire…). Combien de sonnettes d’alarmes et de catastrophes faudra-t-il ? Les représentations de solutions de ceux qui nous gouvernent sont saturées d’inconscience et d’incurie. La moindre des choses est d’arrêter ce qui est évidemment dysfonctionnel et de réfléchir à d’autres modes d’existence. C’est pourquoi il nous faut se réapproprier de notre pouvoir collectif d’infléchir sur le politique, garder la main sur le discours du monde d’après, pour insuffler une imagination subversive dans la vie et les rapports que nous voulons. Non, nous ne reviendrons pas à la normalité !

Du virus, nous pouvons tirer des leçons. En tant que membres d’Alternatives, nous proposons ce recueil de réflexions pour se projeter dans un monde à venir, plus que des « utopies » ce sont des demandes sociales urgentes, car nous ne pouvons plus dire sérieusement « ça va bien aller » quand la maison est en feu.

 

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