Durban, la ville côtière sud-africaine a abrité pendant une semaine l’« African School of Internet Gouvernance » (l’Ecole Africaine de la Gouvernance de l’Internet) en abrégé AfriSIG, organisé par l’Association pour le Progrès des Communications (APC) en partenariat avec le NEPAD et le soutien du pays hôte.
Mes premiers pas dans la gouvernance de l’Internet
Bien qu’ayant acquis des notions élémentaires sur la gouvernance de l’Internet à l’académie de la gouvernance d’Internet (IGF Academy), un projet du gouvernement allemand dont je suis lauréat, le vrai tournant de ma vie dans ce domaine a été l’AfriSIG 2016.
44 étudiants retenus sur plus de 700 candidatures, nous avons eu la chance de participer à des cours préparatoires en ligne offert par DiploFoundation. Ces cours de trois semaines m’ont personnellement permis de connaître ce que signifie la notion de gouvernance de l’Internet, son essence, son évolution dans le temps, la boite à outils cognitive, les approches et pratiques selon les pays et les régions, les dimensions juridiques, économiques, sociales et surtout les acteurs impliqués dans cette gouvernance.
Les trois semaines, m’ont également permis de connaître le fonctionnement de cette gouvernance à travers les cinq régions du continent selon les commentaires des étudiants ayant participé à ces cours.
J’ai ainsi donc pu comprendre que sur le continent africain, la gouvernance de l’Internet n’implique pas pour l’heure une grande diversité de partis prenants, tel que spécifié dans l’article 49 de la déclaration de Tunis WSIS de 2005.
Si l’approche multipartite est considérée comme le principe de base, plusieurs gouvernements sur le continent continuent de jouer seul le rôle de gardien des normes, principes et décisions liés à l’Internet dans leurs pays. Ces gouvernants détiennent toujours le pouvoir régalien de décider du sort de l’Internet dans ces pays.
Le long chemin vers Durban
11 octobre 2016, mon avion a atterri sur le tarmac de l’aéroport de Durban via Accra. Un vol de nuit qui m’a permis de passer en revue mes trois semaines de cours reçues chez DiploFoundation et lire la 6e édition du livre « Gouvernance d’Internet, une introduction » de Jovan Kurbalija.
Sous un soleil de plomb, un homme, la quarantaine atteint, attendait sourire aux lèvres, placarde à la main pourtant l’inscription de mon nom. Il s’appelait Bryan, un descendant lointain des guerriers Zulu, je devine. Une musique gospel retentissait en fond sonore dans sa berline, m’annonçant les beaux jours et l’ambiance qui m’attendait dans le KwaZulu-Natal, le royaume Zulu.
Très jovial et sympathique, il m’accueillît dans la berline, lorgna la côte sablonneuse, les belles vues et gratte-ciels jusqu’à l’hôtel luxueux Garden court South Beach au bord de l’Océan indien (très peu de jeunes Africains auront cette chance dans leurs vies).
Un vent d’automne soufflait ce lundi matin-là au 20e étage de ce joyau architectural qui sera mon domicile pour les deux prochaines semaines. Une belle vue s’étendait de la fenêtre de ma chambre vers le port de Durban ou une quarantaine de paquebots mouillait les eaux.
J’attendis jusqu’au soir, profitant de la connexion haut débit (ce que les dieux de la connexion togolaise ne permettent pas d’avoir) pour accueillir les autres participants lors d’un dîner digne de ce nom. Ce fut mes débuts à l’AfriSIG.
AfriSIG une expérience unique, une école de vie
Sans trop rentrer dans les détails, l’AfriSIG pour moi a été une expérience unique, un cadre dans lequel j’ai acquis des connaissances uniques en matière de gouvernance d’Internet dans le contexte africain et mondial.
Avec des membres de facultés et participants venus de divers horizons et diverses parties prenantes, l’AfriSIG a été plus un partage d’expérience qu’un cours académique. Ce qui a permis aux participants d’apprendre les bonnes pratiques des autres et aussi exposer leurs lacunes et situations nationales.
L’AfriSIG a été un véritable tremplin, car j’ai vraiment pu approfondir mes connaissances en vivant une expérience forte avec des acteurs et experts passionnés du domaine.
Désormais j’ai mes mots à dire en termes de prise de décisions et d’approche multipartites. Je peux à présent m’affirmer en tant qu’acteur de la société civile en matière de gouvernance de l’Internet et toutes les questions liées à cette gouvernance. Je peux avoir un plus à apporter, des suggestions et critiques constructives pour la sérénité de l’écosystème de l’Internet dans mon pays natal le Togo.
De l’AfriSIG au forum Africain sur la Gouvernance d’Internet, AfIGF
L’AfriSIG a permis à tous ses participants de prendre part au forum Africain de la Gouvernance de l’Internet. Cette expérience unique permet aux participants de mettre en pratique quelques leçons reçues lors de l’AfriSIG et de vivre l’expérience d’un forum multipartite ou toutes les questions brûlantes de l’heure en matière de l’Internet sur le continent sont débattues avec des approches de solutions.
Cette année, avec la participation de plus de 1000 personnes sur place et en ligne à ces travaux, le forum de Durban a été un grand signal pour une plus grande appropriation des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).
Aujourd’hui, l’Afrique se connecte au reste du monde et la question est de savoir comment les Africains exploitent ces TIC pour transformer l’éducation, l’agriculture, la santé, l’industrie, les affaires et la gouvernance.
Comment s’approprient-ils de ces technologies pour développer leurs économies numériques et leurs sécurités ?
Le signal est lancé et il faut que tout le monde puisse mutualiser les efforts, mettre les investissements et consentir les efforts nécessaires pour construire l’Afrique numérique de demain.
Personnellement, j’ai eu l’honneur et le privilège d’être dans deux panels lors de ces assises pour tirer la sonnette d’alarme sur l’entrepreneuriat des jeunes dans le domaine des TIC et comment accélérer la révolution numérique du Continent.
J’ai aussi abordé les questions liées au renforcement de capacités des jeunes Africains en matière de TIC et comment s’approprier de ces outils pour l’entrepreneuriat et l’augmentation de la productivité.
Il s’agit là de l’intégration des TIC dans tous les aspects du développement, l’utilisation de ces technologies pour améliorer la gouvernance, le rôle du secteur privé dans l’investissement et la croissance, le développement soutenu par toutes les composantes de la société et enfin, compléter le travail non-accompli dans la connexion de l’Afrique au mobile et aux TIC.
En somme, l’AfriSIG et l’AfrIGF pour moi ont été une expérience unique !