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Le présent communiqué a été originellement publié par l’Association des Utilisateurs des TIC (ASUTIC).­  

La Journée internationale de la lutte contre le discours de haine a été fixée le 18 juin de chaque année par l'Assemblée générale des Nations Unies. Marquant une étape importante dans la lutte contre le discours de haine, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution sur «­la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et de la tolérance dans la lutte contre le discours de haine­». La résolution proclame le 18 juin Journée internationale de lutte contre le discours de haine, qui sera célébrée pour la première fois en 2022.­

Selon l'ONU, le discours de haine est tout type de discours ou d'écrit qui attaque ou discrimine une personne ou un groupe sur la base de la religion, de l'ethnie, de la nationalité, de la race, de la couleur, de l'ascendance, du sexe ou de tout autre facteur d'identité. La parole ne devrait pas être une arme pour créer plus de chaos dans ce monde instable. Par conséquent, la liberté d'expression ne saurait être utilisée ni comme prétexte pour violer les droits d'autrui en portant atteinte à l’honneur et à la dignité d’une personne, ni comme arme pour inciter à des atrocités criminelles et à des actes de terrorisme. Aussi, le discours de haine, en ligne ou hors ligne, ne doit pas être accueilli par un silence assourdissant qui implique l'apathie ou l'acceptation. ­Cependant, à l'ère numérique, les moyens de répandre le discours de haine se sont diversifiés, devenus plus accessibles, le rendant ainsi plus répandu et plus amplifié. Aussi, en juillet 2021, les Nations Unies ont adopté une résolution le désavouant sous quelque forme que ce soit et sur n'importe quelle plate-forme

Au fur et à mesure de l’amélioration de l’accès à internet au Sénégal, les réseaux sociaux sont devenus des outils d’expression et d'amplification du discours de haine. Ainsi, les réseaux sociaux sont de plus en plus perçus comme une menace pour la cohésion sociale. Il est à constater, en outre, que les discours dégradants, insultants et racistes sont non seulement relayés et popularisés par les médias de masse, mais sont aussi bien souvent entretenus et montés en épingle à des fins d’audimat. ­

La réponse des autorités, pour en finir avec ce phénomène en croissance continue, a été et est toujours, la répression par des poursuites pénales. En effet, un dispositif de régulation de la liberté d’expression en ligne et du droit d’accès à l’information mais aussi de la liberté de la presse fut mis en place à partir de l’année 2016: Loi n° 2016-33 relative aux Services de renseignement, Loi n° 2016-29 portant Code pénal, Loi n°2016-30 portant code de procédure pénale, Loi n° 2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la Presse, Loi n°2018-28 du 12 décembre 2018 portant Code des Communications électroniques

Cependant, malgré les condamnations judiciaires, le discours de haine persiste et le phénomène continue d’occuper l’espace public national. Dés lors, il est à considérer que le droit pénal ne constitue pas une solution efficace et qu’il faut rompre avec une telle option. Mais, le gouvernement reste toujours enfermé dans sa logique de répression.

Les limites des actions pénales menées jusqu’à maintenant pour endiguer ce phénomène doivent amener à formuler une nouvelle approche fondée sur une démarche collaborative sociétale, s’organisant autour des acteurs suivants­: Citoyens, Gouvernement, Société civile, Universitaires et les Médias.

A cet effet, L’Association des Utilisateurs des TIC (ASUTIC)­:

  • Exhorte, les citoyens à condamner spontanément le discours de haine et de faire de la liberté d’expression, un devoir d’expression­;
  • Invite, le Gouvernement du Sénégal à abandonner le recours exclusif au droit pénale et d’initier un programme d’éducation à la citoyenneté numérique;
  • Demande, à la société civile d’adopter une approche collaborative afin de co-construire des actions de sensibilisation et de plaidoyer ­;
  • Lance, un appel aux universitaires afin qu’ils mettent leur capacité d’analyse des phénomènes sociaux au service de la lutte contre le discours de haine­;
  • Appelle, les journalistes et les médias à un traitement citoyen de l’information sur internet et les réseaux sociaux.