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La transition de la radiodiffusion analogique au numérique en Afrique de l’Ouest est sans aucun doute l’un des plus grands bouleversements depuis les débuts de la télévision en Afrique – mais pour la plupart des pays africains, les avantages d’un tel changement demeurent incertains. Dans un continent où il y a tant de questions économiques urgentes à résoudre, il n’est pas surprenant que de nombreux pays tardent à entamer le processus.

Un nouveau rapport publié par Russell Southwood pour Balancing Act et APC, «Migration vers la radiodiffusion numérique en Afrique de l’Ouest: Tirer le meilleur parti de la transition » étudie les difficultés et les avantages directs de la transition et explique pourquoi elle est si importante pour le continent.

Des inconvénients maintenant, des avantages plus tard

Jusqu’ici, la plupart des pays ont été lents à se lancer dans la transition vers le numérique et le processus est principalement considéré comme une question technique coûteuse. Mais ce changement apporte de nombreux avantages qui mèneront à une croissance économique et sociale à long terme. Alors que les avantages de la transition ne se calculent pas aussi facilement que le coût technique, il y a un avantage, sans doute le plus important, qui profitera aux Africains; c’est-à-dire plus d’accès à l’information.

Les inconvénients – les coûts et les aspects dissuasifs de la transition

Il existe deux ensembles de coûts directs associés à la transition: ceux des diffuseurs et ceux des téléspectateurs.

Les radiodiffuseurs paient le coût de la production et de l‘équipement nécessaires pour diffuser en mode numérique, tandis que les usagers doivent assumer le coût d’un décodeur ou d’un nouveau téléviseur.

Du fait que les radiodiffuseurs publics en Afrique sont principalement financés par des fonds publics (et la publicité), les gouvernements vont probablement assumer le coût d’une grande partie de la transition. Mais des recherches menées par APC montrent que dans le contexte de la réforme des télécommunications en Afrique, les diffuseurs historiques ne sont pas nécessairement efficaces dans la prestation de l’infrastructure nationale des télécommunications.

La nouvelle infrastructure risque de refléter le modèle de couverture actuel – c’est-à-dire que le diffuseur public couvrira une zone un peu plus vaste au niveau national et que le secteur privé continuera de se concentrer sur les zones urbaines.

Les porteuses de signaux concurrentielles (plutôt qu’une seule porteuse nationale) pourraient présenter une alternative, mais il faudrait que ces régions aient déjà accès à l‘électricité. Southwood suggère que « il peut être intéressant d’envisager de faire de l’accès universel à la télévision et à l‘électricité un double objectif des politiques sur la transition au numérique ».

Le processus sera coûteux pour les gouvernements, mais ce seront les téléspectateurs qui assumeront le plus lourd fardeau car ils devront acheter un décodeur ou un téléviseur numérique. Étant donné que le matériel de qualité supérieure est plus cher, les pays qui ont entamé le processus de migration ont généralement choisi des décodeurs moins chers, le prix passant d’environ 45 à 55 $ USD à environ 30 à 35 $ pour que les utilisateurs puissent acheter leur propre décodeur.

Les avantages de la transition

Le passage à la diffusion numérique est source de nombreux avantages : élargissement du spectre, augmentation du nombre des chaînes de télévision et donc plus grande diversité des contenus, ainsi que de nouveaux modèles économiques.

Du fait que les signaux numériques utilisent le spectre plus efficacement, la transition va ouvrir le spectre et permettre de transmettre plus de canaux sur les fréquences. Cela permet davantage de contenus dans les langues locales et de rendre ainsi l’information accessible à un public beaucoup plus large. Les contenus de la télévision africaine provenant à 80 % des États-Unis, d’Europe ou d’Amérique latine, les chaines supplémentaires peuvent offrir du contenu dans quelques-unes des 2 000 langues parlées en Afrique.

Le numérique permettra également aux diffuseurs d’assurer un meilleur contrôle en spécifiant ceux qui recevront leurs signaux et luttant ainsi contre le piratage.

Par ailleurs, les gouvernements et leurs régulateurs pourront également vendre leur spectre nouvellement libéré pour d’autres usages, comme la téléphonie mobile, et créer des possibilités et des modèles opérationnels nouveaux et innovants. APC a mené des recherches sur les possibilités offertes par le spectre..

Bien que la transition s’accompagne de défis et de possibilités évidents, d’autres plus subtils peuvent également découler de la transition : L’accès universel à la télévision (et non plus seulement à la radio et maintenant à l’internet), modifier et améliorer la radiodiffusion public et l’adapter à l’intérêt public, modifier les mécanismes de financement pour inclure les revenus de la publicité, améliorer les compétences professionnelles dans le secteur de la télévision et du cinéma et encourager l’interactivité entre les diffuseurs et les téléspectateurs.

Les pays africains ont tout à gagner de la transition à condition que les responsables de la transition soient conscients de l’enjeu du processus et créent des opportunités de croissance (malgré les problèmes financiers initiaux).

La possibilité d’apporter de nouveaux contenus peut contribuer à favoriser l‘économie nationale et la croissance sociale et politique – la seule difficulté à cet égard sera de trouver les moyens d’encourager les contenus locaux, ce qui est possible en fixant des quotas de contenus locaux et en formulant des politiques, ainsi que de trouver des agences de publicité pour couvrir les nouveaux coûts. Mais les pays africains doivent d’abord mettre le pied à l‘étrier et entamer le processus..

Voir les autres rapports et articles sur le passage à la diffusion numérique en Afrique de l’Ouest

_Cet article a été préparé dans le cadre du projet d’APC sur la migration au numérique en Afrique de l’Ouest et est adapté du rapport de Russell Southwood « Migration vers la radiodiffusion numérique en Afrique de l’Ouest : Tirer le meilleur parti de la transition », qui est disponible en français et en anglais. _

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