L’accès garanti à l’internet est-il un droit humain dont nous bénéficions tous?
C’est une des grandes questions posées par une publication annuelle qui souligne l’importance de l’accès aux infrastructures des technologies de l’information et de la communication (TIC) – et étudie les pays qui trouvent ou ne trouvent pas de solutions et comment ils s’y prennent, ainsi que les mesures à prendre pour les aider.
Global Information Society Watch 2008, publié sous forme imprimée et en ligne par l’Association pour le progrès des communications (APC), le Third World Institute et l’organisation de développement néerlandaise Hivos, regroupe dans plus de 50 rapports les perspectives des experts, des analystes et des activistes travaillant dans le domaine des TIC ainsi que des organisations de la société civile dans le monde.
« Certains bailleurs de fonds et praticiens du développement, dont la société civile et des activistes de la communication et de l’information commencent à penser que l’accès aux infrastructures n’est pas aussi important qu’on le croyait », affirment les éditeurs dans la préface.
« Le résultat c’est l’idée que le domaine du développement des infrastructures doit être laissé au secteur privé, opérateurs et investisseurs qui ne voient pas toujours la valeur sociale des communications dans la société, aux gouvernements qui n’ont pas les moyens ni souvent une stratégie claire et aux institutions internationales qui tendent à aborder cette question dans une optique limitée et technocratique ».
Internet – le pétrole de la nouvelle économie mondiale
Plusieurs rapports thématiques de GISWatch 2008 s’attaquent à des sujets brûlants en rapport avec l’accès aux infrastructures et autres questions connexes. Par exemple, l’analyste Peter Lange présente les avantages et les inconvénients dans une analyse sur la neutralité de l’internet intitulé « The end of the internet as we know it? » (La fin de l’internet tel que nous le connaissons) alors que Sunil Abraham, du Centre for Internet and Society à Bangalore, fait l’observation hardie que la plupart des utilisateurs d’ordinateurs aujourd’hui sont encore « numériquement colonisés » en raison de leur utilisation inconditionnelle des logiciels commerciaux – généralement Microsoft. Dans son analyse de l’accès au contenu, Russell Southwood affirme que la bande passante, tout comme le pétrole, est une ressource essentielle du XXIe siècle. Quant à Daniel Pimienta, de Networks and Development Foundation, il fait observer que le World Wide Web s’étend de façon exponentielle et que les moteurs de recherche perdent leur capacité à l’indexer.
Ben Akoh, de la Open Society Initiative of Western Africa, simplifie la question parfois touffue qui sous-tend la gestion équitable du spectre et fait observer que :
« Dans le contexte africain, le téléphone mobile tire profit de l’oralité de la culture et de la société africaines, ce qui explique peut-être son adoption rapide. Mais dans un contexte moderne, c’est une oralité qui se retourne contre elle-même dans la mesure où le coût de la communication peut avoir avalé le revenu disponible de la personne. »
La façon dont les institutions internationales comme les Nations Unies et l’Union internationale des télécommunications traitent les questions d’accès est abordée par l’analyste du développement des TIC, David Souter. On trouve également dans la publication un autre point de vue sur les indicateurs. Les auteurs Mike Jensen et Amy Mahan font remarquer qu’il n’existe pas de consensus mondial sur une façon de mesurer la société de l’information qui permettrait des comparaisons raisonnables entre pays.
Des rapports sur presque quarante pays
Des rapports sur trente-huit pays ont été rédigés par des auteurs de pays aussi différents que la République démocratique du Congo, le Mexique, la Suisse et le Kazakhstan. Parallèlement, six aperçus régionaux placent en contexte les rapports sur chaque pays. Ils portent sur l’Amérique du Nord, l’Amérique latine et les Caraïbes, l’Afrique, les pays de l’ancienne Union soviétique, l’Asie du Sud-est et le Pacifique.
Selon APC, Hivos et ITeM, GISWatch est à la fois une publication et un processus : il s’agit d’établir une capacité de réseautage et de plaidoyer entre les organisations de la société civile qui oeuvrent pour une société de l’information juste et inclusive. Le nombre croissant d’organisations qui présentent des rapports sur des pays – seize de plus que l’an dernier, première année de parution de GISWatch, témoigne de cette orientation. Ce faisant, ces organisations espèrent que GISWatch aura une influence sur les processus de formulation des politiques dans les différents pays et régions et au niveau international.
GISWatch 2008 sera lancé au troisième Forum sur la gouvernance de l’internet qui se tiendra à Hyderabad, en Inde le 3 décembre.
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Réagissant à GISWatch 2008, voici ce que d’éminents commentateurs des TIC avaient à dire :
« Il existe peu de sources indépendantes pour prendre le pouls du débat sur les politiques de TICpD et pour faire le point sur l’état actuel de la fracture numérique. GISWatch fait les deux de façon stimulante et en suscitant la réflexion ». — Russell Southwood, PDG, Balancing Act
« On investit toujours plus dans la large bande dans les pays en développement. GISWatch 2008 ne pouvait arriver à un meilleur moment ». — Lishan Adam, PhD, chercheur et consultant en TIC pour le développement, professeur agrégé auxiliaire, Ethiopie.
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Rapports par pays dans GISWatch 2008
Afrique : Cameroun, République démocratique du Congo, République du Congo, Egypte Ethiopie, Kenya, Nigeria, Rwanda, Sénégal, Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda, Zambie
Amériques : Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Equateur, Jamaïque, Mexique, Paraguay, Pérou, Uruguay
Asie-Pacifique : Bangladesh, Inde, Kazakhstan, République de Corée, Kirghizstan, Pakistan, Philippines, Tadjikistan, Ouzbékistan
Europe : Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Roumanie, Espagne, Suisse
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