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En 2008, l‘équipe des politiques d’APC a entrepris un nouveau projet qui visait à associer le plaidoyer, la recherche, la création de réseaux et l’action pour le développement régional des TIC. Le projet Communiquer pour influer en Afrique centrale, de l’Est et de l’Ouest (CICEWA) « avait pour but d’appuyer les appels en vue d’un accès universel abordable aux technologies de l’information et de la communication à large bande (TIC) en Afrique centrale, de l’Est et de l’Ouest et de le faire progresser », selon Natasha Primo, qui a coordonné les éléments de recherche et d‘évaluation du projet. Les pays participants étaient le Kenya, la Tanzanie, le Rwanda et l’Ouganda en Afrique de l’Est, et le Sénégal, le Cameroun, le Bénin, le Niger et le Congo Brazzaville, en Afrique centrale et occidentale.

Un des principaux avantages de ce projet est la réflexion sur les stratégies de plaidoyer et les leçons apprises au cours du processus de conception du projet et de l’organisation d’une campagne de plaidoyer. Cinq catégories ont été utilisées pour évaluer le succès des deux réseaux – le réseau de l’Afrique de l’Est ICTD et GOREeTIC – implantés respectivement en Afrique de l’Est et l’Ouest et en Afrique Centrale – et ont permis de tirer des enseignements. Les catégories utilisées pour l‘évaluation s’inspirent du cadre d‘évaluation de Barbara Klugman et cherchent à identifier les changements survenus au sein de l’organisation et de façon générale. L’évaluation fondée sur ces critères permet de mieux comprendre les dimensions politiques de la mise en œuvre de la réforme des télécommunications par ses pratiques de gouvernance. Notamment:

  • Le renforcement de la capacité organisationnelle (l’organisation a-t-elle acquis de nouvelles compétences?)
  • Le renforcement des alliances (le réseau a-t-il grandi?)
  • Davantage de données et d’analyse dans une perspective de justice sociale (la recherche a-t-elle contribué aux connaissances dans ce domaine)
  • Soutien accru pour une définition et une solution à un problème particulier ou une option politique (les autres connaissent-ils mieux la question et la soutiennent-ils davantage),
  • Plus grande visibilité de la question dans les processus stratégiques, ce qui conduit à des résultats positifs.

Les forces des deux réseaux sont différentes de même que les enseignements tirés, mais le résumé ci-dessous offre un aperçu de leurs résultats.

*Afrique de l’Est : *

  • Si l’on devait choisir la catégorie du meilleur résultat obtenu par les membres de l’EAICTD ce serait la visibilité apportée aux questions de gouvernance de l’internet.
  • On constate un changement important dans la position des gouvernements dans la région de l’Afrique de l’Est sur la question de la gouvernance de l’Internet et la participation aux processus multipartites auxquels participent des membres de la société civile et du secteur privé. On le remarque dans la plus grande visibilité des questions de gouvernance de l’internet, en particulier en Ouganda et au Kenya, et dans la crédibilité que les partenaires de l’EAICTD ont acquise par le lancement d’une campagne de plaidoyer qui est bien ancrée dans la recherche. La décision du gouvernement kenyan d’accueillir la réunion de 2010 de l’ICANN, l’offre d’accueillir le FGI (Forum sur la gouvernance de l’internet) mondial de 2011 et l’offre du gouvernement rwandais d’accueillir le FGI de l’Afrique de l’Est de 2011 témoignent de l’évolution des positions des gouvernements.
  • • Les résultats de la recherche ont conduit à une convergence d’opinions entre les gouvernements et la société civile (et dans une moindre mesure le secteur privé) sur la question clé de la gouvernance de l’internet concernant les moyens d’offrir un accès plus abordable aux citoyens et consommateurs. Cela a également conduit à la recherche d’une collaboration plus étroite entre les différentes parties prenantes. Les défenseurs de la société civile sont intégrés aux groupes de travail du gouvernement.
  • Il existe une bonne collaboration entre les organisations de la société civile dans le secteur des TIC pour le développement. Il reste cependant beaucoup à faire pour amener les organisations du secteur non-TIC au processus et à plaider pour un accès abordable aux TIC comme catalyseur du développement et la participation citoyenne.

Afrique centrale et de l’Ouest:

  • Il est difficile d‘évaluer l’influence de GOREeTIC – et l’importante évolution des positions de la classe politique – en raison de l‘évolution et de l’imprévisibilité des contextes politiques dans lesquels ils se situaient l’année dernière: les élections au Bénin, un coup d’Etat d‘État au Niger et un changement dans la direction politique du ministère des Communications au Cameroun. Au Bénin, GOREeTIC n’a pas pu avoir accès aux politiciens pour faire avancer le plaidoyer.
  • Là où on peut dire que les membres de GOREeTIC ont fait leurs preuves a été leur capacité à s’adapter à un environnement politique imprévisible et changeant, où leurs campagnes se heurtent à la réalité politique – comme par exemple au Niger et au Cameroun.
  • D’après les rapports des membres de GOREeTIC au Bénin et au Niger, il semble que les organisations de la société civile commencent à mieux comprendre le rôle que jouent les TIC pour livrer les avantages du développement. Mais en l’absence d’une campagne de sensibilisation soutenue et de déclarations dans les médias d’autres organisations de la société civile sur les TICpD et les FAU, il est difficile de porter un jugement indépendant.
  • En raison du paysage politique imprévisible, il est également difficile de juger le comportement des partenaires lorsque la capacité des membres de GOREeTIC à mettre en œuvre une campagne de plaidoyer a été limitée.

Les principaux enseignements que l’on peut tirer de ce projet au sujet du plaidoyer sont les suivants :

  • Une solide coordination régionale est indispensable pour les projets multi-pays et qui plus est, quand ils sont mis en œuvre sur plusieurs années.
  • Les plans de plaidoyer peuvent se heurter aux réalités politiques qui peuvent détourner l’attention de la question du plaidoyer ; il devient alors difficile de voir l’impact des activités de plaidoyer. Il est important que l’organisation de la société civile puisse adapter au mieux la campagne et atteindre malgré tout certains des objectifs de plaidoyer.
  • Les campagnes de plaidoyer peuvent détourner de l’objectif, en commençant par une question et en se terminant avec un autre. Ce projet a été conçu comme un moyen de promouvoir l’accès à large bande en cherchant à savoir pourquoi les réformes nationales des télécommunications n’ont pas donné les avantages attendus, concurrence accrue, réduction des coûts, etc., mais a ensuite bifurqué de la réforme des télécommunications vers la gouvernance de l’internet (en Afrique de l’Est) et les fonds d’accès universel (en Afrique de l’Ouest et centrale). Ces virages résultent de la façon dont les membres du réseau interprètent le paysage politique et stratégique et décident des synergies qu’ils peuvent exploiter afin d’adopter le moyen le plus stratégique pour faire progresser le programme de plaidoyer.

Photo par Make_Change. Utilisé avec permission sous la licence Creative Commons 2.0

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