Cela fait longtemps que les survivantes de violence conjugale au Pakistan subissent les mauvais traitements en double – pas seulement dans leur domicile, mais aussi de la part d’un gouvernement qui ne les protège pas. En 2009, quelques espoirs permettaient de croire que le gouvernement renforcerait la protection des femmes face à la violence conjugale – l’Assemblée nationale avait adopté le projet de loi sur la violence conjugale (prévention et protection), mais celui-ci a expiré étant donné qu’il n’a pas été adopté par le Sénat dans les trois mois requis par la constitution du pays.
Le projet de loi sur la violence conjugale cherchait à prévenir la violence à l’égard des femmes et des enfants avec un réseau de comités de protection et de policiers de protection, et à encourager la comparution en justice des personnes suspectées d’exercer des sévices. Selon la définition donnée dans le projet de loi, la violence conjugale inclurait, mais ne serait pas limitée à, « tout acte intentionnel de violence physique, psychologique ou basée sur le genre, exercé par un accusé sur des femmes, des enfants ou autre personne vulnérable, avec qui l’accusé a ou a eu une relation conjugale ».
Une organisation pakistanaise non gouvernementale et à but non lucratif tente cependant de réintroduire le projet de loi auprès du parlement – à travers l’utilisation des technologies de l’information et de la communication, et suite à une formation d’APC.
Baidarie Sialkot Pakistan, qui lutte pour l’autonomisation et le développement des femmes depuis 1993, a créé une pétition en ligne pour réintroduire le projet de loi.
Selon la présidente de Baidarie, Hina Noureen, cette pétition en ligne est sans précédent au Pakistan, et le taux de réponse a vraiment été encourageant.
« Je crois que c’est la première fois au Pakistan, dans le secteur du développement, qu’on fait une pétition en ligne », a déclaré Mme Noureen lors d’un entretien par courriel. « Nous recevons une réponse encourageante à la pétition. Les gens qui signent notre pétition proviennent de différentes sphères : des militants pour les droits humains/des femmes, des représentants d’organisations non-gouvernementales, des avocats, des enseignants, des femmes au foyer, des personnes influentes dans les communautés, des policiers, des célébrités du système judiciaire, et des hommes et des femmes intéressés ».
Et Mme Noureen attribue l’idée de la pétition en ligne et son succès à la formation qu’elle a reçue du programme des femmes d’APC (PARF d’APC). Selon elle, la formation du PARF d’APC lui a donné les connaissances requises pour sélectionner les outils les plus appropriés et les plus utiles à la campagne, pour utiliser les technologies mobiles et élaborer des stratégies permettant d’utiliser efficacement les pétitions en ligne.
La pétition en ligne a circulé en même temps que la campagne des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre menée par Réapproprie-toi la technologie ! d’APC, et qui a pris fin en décembre.
Au moment d’écrire cet article, le projet de loi sur la violence conjugale (prévention et protection) n’avait pas encore été adopté par le gouvernement pakistanais. Baidarie déposera les signatures auprès du ministère du Développement des femmes au mois de mars.
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