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Dre Saxena et son équipe

En Inde, et en particulier dans l’Inde rurale, les inégalités entre les hommes et les femmes et entre les castes sont très marquées. Les valeurs traditionnelles et culturelles bien ancrées dictent à qui revient le pouvoir, et alors que le gouvernement tente d’inclure le genre dans son programme officiel dans des secteurs traditionnels comme la santé et l’éducation, incorporer le genre dans la gouvernance rurale en ligne dans l’État le plus pauvre de l’Inde, le Chhattisgarh, relève du défi pour Anupama Saxena, professeure agrégée en sciences politiques et directrice du Centre des études et du développement des femmes, et son équipe d’étudiants de recherche à l’université Guru Ghasidas Central à Bilaspur.

Son projet, qui consiste à étudier les inégalités entre les hommes et les femmes dans la gouvernance en ligne rurale et en exposer les raisons, a contribué à montrer que même si 33 % des sièges du gouvernement de la gouvernance rurale sont attribués à des femmes, le plus souvent, ce sont leur mari qui jouent le rôle de leur femme élue et qui parlent pour elles.

Mais porter cette question à l’attention des dirigeants politiques et parler du genre dans le cadre de la gouvernance rurale en ligne est une tâche difficile et de longue haleine. Elle explique que « la méthodologie de l’évaluation du genre d’APC m’a aidé à observer la situation et à présenter les écarts de genre de façon concrète. Grâce au GEM, nous avons défini des indicateurs et corrélé les informations de façon très systématique et tiré des conclusions factuelles et convaincantes ».

Le GEM aide à faire les bons choix de recherche

Grâce au GEM, la Dre Saxena savait qu’il était important d’inclure des femmes parmi les chercheurs et les travailleurs sur le terrain afin d’obtenir les informations dont elle avait besoin. « Après avoir tenu quelques discussions en groupe, nous nous sommes rendus compte que les sarpanchas femmes, les chefs de village élus démocratiquement, ne parlaient pas aussi librement lorsqu’elles répondaient à des intervieweurs hommes », dit la Dre Saxena. Les exemples de harcèlement sexuel de la part de fonctionnaires et d’intimidation de la part des maris ont commencé à ressortir lors es discussions dirigées par des femmes. En l’absence des membres de la famille et dans le cadre d’interviews entre femmes, la réalité a commencé à apparaître.

Les problèmes de caste ont également posé un problème à l’équipe de recherche. Parmi les chefs de groupe se trouvait une femme des Shidul ou « intouchable ». « Les femmes de cette caste se sentent inférieures », explique Dre Saxena. « Le fait d’avoir une intervieweuse de cette caste a permis aux interviewées de parler plus librement ».

Crise de croissance: La question du genre et des TIC n’est pas encore prise au sérieu en Inde

Le genre en rapport avec les TIC est un concept relativement nouveau en Inde que les dirigeants ne sont pas encore prêts à prendre au sérieux. « Nous avons invité des représentants du gouvernement à venir nous écouter, ce qu’ils ont fait, mais ils ne sont toujours pas convaincus de l’existence de problèmes de genre dans un domaine aussi technique », conclut Dre Saxena.

Ironiquement, le plan e-gram suraj (gouvernance rurale en ligne) est un programme qui peut encore être sauvé si l’on apporte les changements nécessaires à la conception et à la mise en œuvre. Ce programme pourrait offrir des avantages énormes aux femmes rurales pauvres qui sont des élues locales.

Le GEM a permis à la Dre Saxena de changer de perspective pour mobiliser les décideurs. Plutôt que de simplement leur présenter la documentation, elle s’adresse à eux directement. Par exemple, à titre de représentante d’APC au Forum sur la gouvernance de l’internet à Hyderabad en 2008 et dans d’autres conférences prestigieuses sur les TIC en Inde où il a été également question des résultats du GEM, elle a pu s’adresser directement aux personnalités politiques du secteur des TIC et au moins faire germer l’idée que le genre et les TIC dans la gouvernance rurale en ligne est une question importante et qui prend de l’ampleur. 
Un Panch (chef de village élu) se fait passer à l'entrevue par un membre d'équipe de Dre SaxenaUn Panch (chef de village élu) se fait passer à l’entrevue par un membre d‘équipe de Dre Saxena

Elle et son équipe ont également invité un haut fonctionnaire à l’université, qui est un spécialiste de la planification et de l’application des nouvelles lois et politiques. Après une discussion de six heures, il n’y avait toujours pas d’accord sur les inégalités de genre dans le domaine des TIC, mais le simple fait que la discussion ait duré si longtemps a été considéré comme un bon signe. Aussi, les organisations de femmes réagissent bien au GEM et aux arguments concernant le genre et les TIC.

Dre Saxena, qui a acquis une réputation de spécialiste du genre et des TIC au cours des années, explique que la position de son équipe a eu du mal à être prise au sérieux. Mais sa présence dans ce débat se renforce, tout comme l’intérêt d’autres organisations et de la communauté internationale, grâce notamment aux résultats concrets obtenus en utilisant le GEM.

La GEM inspire confiance en soi et dans l’avenir

La confiance acquise par Saxena et son équipe de recherche fait partie des changements apportés par le GEM. « Les membres de mon équipe ont acquis une nouvelle confiance en parlant à des étrangers et à des personnes de castes plus élevées. C’est plus particulièrement le cas de deux de mes étudiants qui venaient de basses castes », explique-t-elle.

Les étudiants ont également commencé à se sentir plus à l’aise lors des interviews avec des personnes du sexe opposé. « Deux de mes étudiantes ont pu se rendre sur le terrain, ce que leur famille ont eu du mal à accepter ».

Et les étudiants ont fait du chemin : « Une de mes anciennes étudiantes qui venait d’une basse caste est maintenant enseignante. Un de mes chercheurs travaille pour le gouvernement et fait ce qu’il peut pour appliquer la perspective du genre dans son travail ».

Quant à elle, la Dre Saxena déclare que « La GEM m’a donné confiance à plusieurs niveaux. Il s’agit d’une très bonne méthodologie d’évaluation pour recueillir, analyser et présenter des données sur le genre dans le domaine des TIC et qui est extrêmement utile pour le travail de plaidoyer auprès du gouvernement.

« Le GEM m’a aussi aidé à mieux enseigner et à défendre mes idées. J’intègre les nouveaux outils de réseautages comme Ning (un site de réseautage social) et Flickr (un site de partage de photos) et des outils de plaidoyer comme les histoires numériques (de courtes vidéos qui utilisent l’image et le son pour raconter une histoire personnelle).

« Finalement, le GEM m’a aidé à préciser mes idées et à améliorer mes compétences en recherche, la terminologie et les stratégies de plaidoyer grâce au soutien en ligne de ses experts. Le fait d’être soutenue par une communauté internationale d’organisations qui ont à cœur la question du genre et des TIC m’a donné la force d’affronter le scepticisme des politiques et des membres du secteur des TIC ».

Depuis qu’elle utilise le GEM, l’équipe la Dre Saxena vise davantage les résultats et l’action. « Nous nous sommes rendus compte que si nous voulions vraiment que les décideurs changent d’avis, il nous fallait déployer des efforts durables et se mobiliser pour la question, surtout auprès des décideurs » indique-t-elle. « Pour ce faire, nous avons besoin de partenaires de différents secteurs, dont la société civile, ce à quoi nous n’avions pas pensé avant d’utiliser le GEM ». Le GEM a transformé l’approche adoptée par l’équipe de chercheurs de A. Saxena qui de purement universitaire est devenue militante et utilise la recherche pour changer et améliorer la vie des centaines de milliers de personnes.

En lire plus sur es résultats de la Dre Saxena: “Gouvernance électronique en Inde: les femmes ne peuvent se faire entendre”:http://www.apc.org/fr/node/9924/