Chaque membre apporte au réseau d’APC son point de vue et son expérience, contribuant ainsi à la constitution d’une communauté mondiale à la fois riche et diverse. Le Centre for Information Technology and Development (Centre pour les technologies de l’information et du développement – CITAD) du Nigeria nous offre une vision des plus enrichissantes : « Une société du savoir démocratique qui ne connait pas la faim ». À l’occasion de l’arrivée du CITAD au sein d’APC, lisez son histoire racontée par l’un de ses fondateurs, Yanusa Ya’u.
Comment le centre a-t-il été fondé ?
Au début des années 1980 alors que j’enseignais à l’Université Bayero de Kano, nous avons proposé un nouveau cours intitulé Technologies de l’information (TI) pour les étudiants de dernière année. À cette époque, il ne s’agissait que d’un concept. J’ai enseigné cette matière pendant trois ans et elle avait un certain succès auprès des étudiants, mais l’administration éducative n’y a pas vu de réelle utilité, si bien qu’en 1987, suite à l’harmonisation nationale du programme universitaire, cette matière a été retirée du cursus.
J‘étais convaincu qu’on ne pourrait pas éviter les TI, alors j’ai cherché une plateforme alternative pour continuer à enseigner les technologies de l’information aux personnes intéressées. Cela m’a amené à former une équipe avec quelques collègues et à mettre en place le Projet d’initiation à l’informatique, une plateforme informelle dédiée à la formation des étudiants et de toute personne intéressée par l’informatique.
Peu à peu la demande a augmenté à tel point que nous avons décidé de mettre en place le principe « apprendre et enseigner aux autres » (Learn and Teach Others – LATO), selon lequel toute personne qui suit notre formation accepte de devenir formateur bénévole.
Quelques années plus tard nous nous sommes posé une question cruciale : Quel était vraiment l’objectif de cette formation en informatique ? Il ne s’agissait bien entendu pas uniquement d’une question de passe-temps, et nos réflexions ont abouti à l’idée de créer le Centre pour les technologies de l’information et le développement (CITAD), une plateforme pensée pour favoriser l’utilisation des TIC pour le développement. Le CITAD est devenu un espace utile non seulement pour les amateurs de TIC mais aussi pour les activistes luttant pour la démocratie, qui considéraient les TIC comme des outils de démocratisation.
Depuis lors, notre objectif est d’offrir des lignes directrices qui proviennent tant de la recherche que de la pratique en matière de déploiement des TIC pour la promotion du développement durable et de la bonne gouvernance.
Qu’est-ce que le CITAD a de particulier ?
La spécificité du CITAD émane des circonstances de sa fondation inscrite depuis le début dans un esprit de bénévolat, qui est aujourd’hui bien ancré grâce à notre principe de référence d’ « apprendre et enseigner aux autres ». Selon cette approche, chaque élève du CITAD (quel que soit le programme suivi) devient un bénévole et rend ainsi à l’organisation ce qui lui a été donné gratuitement. Cela nous a permis d’avoir de nombreux bénévoles prêts à offrir leur temps, ressources, réseaux sociaux et autres services. Le centre est donc devenu non pas un centre dans le sens conventionnel d’espace physique, mais un centre de mouvement massif de personnes engagées pour la promotion de la bonne gouvernance et du développement durable à travers les TIC.
Qu’est-ce qui vous rend le plus fier ?
Nous sommes très fiers de notre travail pour promouvoir la paix dans le pays à travers les TIC. Ces trois dernières années nous avons mené des campagnes pour la paix dans les médias sociaux et avons mobilisé la population, le gouvernement, les chefs communautaires et d’autres organisations pour les amener à comprendre que la paix est une question de responsabilité collective. Nous avons mis en place un observatoire du discours de haine qui surveille et s’oppose à tout discours de haine, tout particulièrement dans le contexte des dernières élections présidentielles.
Pour quelles raisons avez-vous décidé de vous joindre à APC ?
Nous pensons qu’avec notre expérience, nos réseaux et notre fonction sociale, nous pouvons contribuer à soutenir les objectifs d’APC tout en bénéficiant de l’expérience, de l’expertise et des connaissances du réseau d’APC pour renforcer notre travail.
Nous voyons également en APC une plateforme qui peut nous aider à informer la communauté mondiale de notre problématique locale. De plus, l’histoire du CITAD en tant qu’organisation qui offre des services, mène des campagnes et effectue un plaidoyer politique a créé un heureux mélange d’expériences dont d’autres organisations d’APC pourraient profiter. Enfin, étant donné notre position à niveau social, nous pensons que nous pourrions inciter les voix de la société civile à populariser la voix d’APC.