Transférer la violence est de la violence
Le Programme des droits de la femme de l’Association pour le progrès des communications (PDF APC) rejette et condamne la violence systémique faite par le biais de la technologie envers les femmes dans toutes ses expressions.
Le cas de Rehtaeh Parsons, une jeune fille de 17 ans originaire de Nouvelle-Écosse qui s’est suicidée en avril 2013, est une autre histoire tragique après celles d’Amanda Todd et de Jessica Laney, deux jeunes femmes qui se sont également enlevé la vie suite à des agressions sexuelles qui ont été documentés et largement diffusées, entraînant un préjudice grave et répété.
Le fait d’enregistrer, de photographier et de documenter les actes de violence sexuelle puis de les distribuer et de les partager fait partie de la violence. Chaque fois que ces images sont vues, partagées et diffusées, les gens continuent et répètent la violence. Ces actions ne sont pas séparées des structures d’inégalité de genre et de discrimination qui permettent que se perpétuent le harcèlement sexuel, la violence et les agressions.
Dans notre recherche sur la violence faite aux femmes en ligne dans sept pays, nous avons constaté que ces formes de violence non seulement existent, mais s’amplifient. Cependant, on ne reconnaît toujours pas qu’un acte comme le partage d’images documentant un acte de violence sexuelle constitue en soi un acte de violence contre les femmes et une agression sexuelle. Peu de recours juridiques sont offerts aux victimes pour une réparation ou la protection de leurs droits.
En outre, la diffusion d’images d’abus sexuels d’enfants, largement appelés « pornographie juvénile », montre l’insuffisance des lois existantes et l’incompréhension de la gravité de l’acte de diffusion. La catégorisation de la victime par les lois sur la pornographie juvénile reproduit le stigmate d‘être un sujet de pornographie plutôt que la victime d’un crime sexuel. Cela montre également une lacune dans la capacité du droit de tenir quelqu’un responsable de la commission des mêmes actes que ceux commis contre des adultes.
Dans ces cas, le droit des victimes à la justice est largement négligé. Il n’existe absolument aucun sens de justice ou de réparation pour les victimes ou leurs familles. De plus, le refus de reconnaître la diffusion comme une continuation de l’acte de violence sexuelle permet à n’importe qui de procéder à du cyberharcèlement en toute impunité puisqu’il n’y a absolument aucunerépercussion juridique.
Nous condamnons fermement la victimisation continue et la perpétuation du préjudice commis par la documentation et la diffusion des actes de violence et appelons à un examen plus approfondi des lois et des dispositions actuelles afin de rendre une justice véritable et offrir des recours aux victimes. Nous demandons également à tous d’agir pour mettre fin aux dommages. Ne transférez pas la violence.
L’Association pour le progrès des communications (APC) est un réseau mondial qui appuie l’utilisation de l’internet et des TIC pour la justice sociale.