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Dans la perspective de rendre l’internet à haut débit accessible aux
Congolais, le développement d’une dorsale internet en RDC est apparu
comme un impératif, capable de donner un coup de fouet dès aujourd’hui.
Sur les  enjeux, la participation de la compagnie nationale d‘électricité (SNEL),
mais aussi les difficultés de cet ambitieux projet congolais,
APCNouvelles a interrogé Alphonse Ntita, spécialiste des TIC et des
questions d’infrastructure internet, qui  fait partie de la dizaine de
chercheurs aillant travaillé à la réalisation de l’étude.


Dans la perspective de rendre l’internet à haut débit accessible aux Congolais, le développement d’une dorsale internet en RDC est apparu comme un impératif, capable de donner un coup de fouet dès aujourd’hui.


Le mardi 7 août 2007, est officiellement dévoilé au Campus Numérique Francophone de Kinshasa (Cedesurk), l‘Étude de faisabilité pour une dorsale Internet ouverte en RDC. Cette première étude indépendante a été réalisée par Alternatives, en collaboration avec le Centre de recherches pour le développement international, l’Office congolais des postes et télécommunications (OCPT), la firme Xit Télécom et la Dynamique Multisectorielle pour les TIC.


Sur les  enjeux, la participation de la compagnie nationale d‘électricité (SNEL), mais aussi les difficultés de cet ambitieux projet congolais, APCNouvelles a interrogé Alphonse Ntita, spécialiste des TIC et des questions d’infrastructure internet, qui  fait partie de la dizaine de chercheurs aillant travaillé à la réalisation de l’étude.


APCNouvelles : Quel est l’état des lieux de l’internet en RDC actuellement ?


Alphonse Ntita : Actuellement en RDC, il y a 21 fournisseurs d’accès internet, dont onze utilisent la technologie SVPC [1], neuf la transmission vidéo mobile avec SVPC et un la fibre optique. Douze de ces FAI sont limités à la ville de Kinshasa, sept desservent de deux à cinq provinces, et deux seulement (aussi opérateurs télécoms de technologie GSM – utilisée dans la téléphonie mobile) desservent toutes les provinces du pays.


Quant à la politique dans ce domaine, elle se limite à l’octroi des licences. Aucun autre aspect n’est réglementé à ce jour, mis à part ceux couverts par la loi sur les télécommunications.


1 La  SPVC (Semi-Permanent Virtual Connection) est un type de connexion de type PVC ou SVC et qui sert à l‘établissement d’appels et au reroutage automatique. – Source : Wikipedia

APCNouvelles : Quel est l’enjeu majeur au centre de l’étude de faisabilité ?


AN : Réalisée par une équipe indépendante d’experts, l’étude a pour ambition de proposer  un réseau [internet] le moins cher possible en coûts d’investissement et d’exploitation.
L’équipe d’experts était composée de nationaux et d’étrangers spécialisés dans les TIC.


APCNouvelles : Quelles sont les principales recommandations de l‘étude présentée le 7 août 2007?


AN : Nous pouvons retenir trois recommandations majeures :
– Le recours  aux pylônes électriques de la Société nationale d’électricité (SNEL) comme supports de soutènement et là où ce n’est pas possible [près de 50% de la superficie], le suivi du tracé du chemin de fer et des routes.
– La mise  en place d’un réseau sur le modèle d’accès ouvert
– L’utilisation de la technologie ADSL [2] pour la fibre proprement dite. En ce qui concerne les équipements optoélectroniques sur la technologie DWDM [3] et ethernet [4]dans un réseau de fibre optique de nouvelle génération utilisant DWDM pour la dorsale et l’ethernet pour les réseaux d’accès;


2 L’ADSL fonctionne sur ligne téléphonique classique pour fournir des communications à haut débit. Mais alors que la vitesse de l’ISDN (l’ancien système) est limitée à 64 kbits/s dans les deux sens, la technologie ADSL permet de faire passer un flux montant (vers le serveur) à 640 kbits/s, et un flux descendant (vers le client) à plus de 6 Mbits/s. L’astuce consiste à utiliser une partie de la bande passante des lignes qui est non utilisée pour le transport de la voix, ce qui permet de faire passer sur une même ligne à la fois, données et voix (concrètement, on peut téléphoner tout en surfant sur le web). L’ADSL est particulièrement approprié pour des applications telles que la vidéo à la demande ou le web, soit pour les applications où l’usager reçoit plus de données qu’il n’en renvoie. – Source : Wikipedia


3 La technologie WDM est née de l’idée d’injecter simultanément dans la même fibre optique plusieurs trains de signaux numériques à la même vitesse de modulation, mais chacun à une longueur d’onde distincte. – Source : Wikipedia


4 Ethernet est un protocole de réseau informatique à commutation de paquets. C’est au départ une technologie de réseau local permettant que toutes les machines d’un réseau soient connectées à une même ligne de communication, formée de câbles cylindriques. – Source : Wikipedia


APCNouvelles : Quelle explication donnez-vous du concept d’accès ouvert promu par l‘étude ?


AN : C’est un mode de gestion à implémentation souple où plusieurs partenaires peuvent développer  et exploiter un même réseau. Ceci cadre avec le mode de gestion que tend à instaurer l’Etat congolais à travers le concept de Partenariats Public Privé (PPP).


APCNouvelles : Quelle place accordez-vous à la compagnie nationale d‘électricité (SNEL) dans ce projet ?


AN : C’est vraiment une place fondamentale car il faut reconnaître que ses pylônes offrent le moyen le moins coûteux pour poser la fibre optique. D’ailleurs, il faut savoir que dans ses projets actuels, la pose du câble est d’office prévue. Il reste donc à le faire pour les réseaux existants.


APCNouvelles : Quel scénario serait envisageable dans l‘éventualité où la SNEL ne  voudrait pas collaborer?


AN : Il n’y a pas de raison pour que la SNEL refuse de collaborer, car d’une part, c’est une société d’Etat qui ne peut qu’appliquer la politique que lui imposent les instances supérieures et d’autre part, la fibre optique va lui apporter un peu plus de revenus. Mais au cas improbable où elle refusait, il reste à ceux qui vont implanter, la possibilité de recourir aux autres structures de soutènement à savoir le chemin de fer, la route et pourquoi pas, les rivières.


APCNouvelles : Les résultats de cette étude seront proposés au gouvernement, au secteur privé congolais, à  la société civile, de même qu’aux bailleurs de fonds internationaux. Comment allez-vous vous y prendre et quelles sont vos attentes ?


AN : La première action est l’organisation du séminaire du 4 août dernier à l’intention des décideurs gouvernementaux et du secteur privé, en vue de les sensibiliser à l’importance des TIC pour le développement de notre pays ; leur faire des propositions sur le meilleur moyen de nous approprier ces TIC et leur présenter notre rapport d’étude.


APCNouvelles : La réduction de la fracture numérique en RDC passe par une dynamique multipartite, comme l’a prouvé ce projet ?


AN : Effectivement. Vous savez, le problème c’est que chaque partie au processus de mise en œuvre de la société de l’information a ses qualités et défauts.


Le gouvernement, bien que poursuivant le bien-être commun, n’a toujours pas les moyens de sa politique. Les privés, bien qu’efficaces, négligent parfois l’intérêt commun au profit de ceux de leurs actionnaires. La société civile, bien qu’ayant des idées généreuses, souffre d’un manque criant de moyens. Nous pensons que cette dernière a donc la possibilité de jouer un rôle tampon entre les deux premiers mais en conjonction avec eux et non dans la confrontation.


APCNouvelles : Quelles sont les perspectives qui s’offrent à l’internet et aux TIC en RDC au lendemain de la présentation de cette étude ?


AN : Nous pensons que si cette étude aboutit à une réalisation concrète, l’internet en RDC passera de la phase d’un bien élitiste – qu’elle est en ce moment, à une étape d’un bien de grande consommation.


Propos recueillis par Tiego Tiemtoré pour APCNouvelles



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