Chaque fois, on se dit : « c’est l’assassinat de trop ». Malheureusement, il vient toujours d’autres cas après. Il y a eu Franck Ngyke dans la nuit du 02 au 03 novembre 2005. Puis Bapuwa Mwamba dans la nuit du 7 au 8 juillet 2006. Serge Maheshe a suivi le 13 juin 2007. Avant qu’un autre journaliste de Radio Okapi, Didace Namujimbo, ne subisse le même triste sort le vendredi 21 novembre 2008. Comme si, chaque année, la corporation des journalistes doit payer un tribut humain.
Et à qui ces hommes des médias payent-ils ce tribut ? Nul ne sait. Aucun de ces assassinats n’a été clairement élucidé depuis celui de 2005. « Justice, où es-tu ? », se demande ainsi avec raison un journal de Kinshasa qui remarque que « la justice généralement prompte à traquer les journalistes, est incapable de contribuer à la manifestation de la vérité ». Ainsi, on ne sait toujours pas clairement à ce jour pourquoi Ngyke, Bapuwa, et Maheshe sont morts. Le saura-t-on pour ce qui est de Namujimbo ? Difficile de répondre.
L’enquête sur la bonne voie
Le général Gaston Lunzembo, inspecteur provincial de la police/Sud-Kivu, l’a déclaré à Radio Okapi – la radio qui employait Didace Namujimbo – un jour après le crime. « Selon les investigations en cours et les quelques témoins entendus, il est démontré que la victime a été ciblé, et que les assaillants le connaissaient parfaitement bien. Comme l’enquête est encore préliminaire, à notre niveau, nous gardons le secret. Laissons le temps aux enquêteurs d’approfondir leurs enquêtes. Et le reste, le moment venu, on vous dira de quoi il s’agit. Comme il y a la collaboration parfaite avec la Monuc, nous voulons aussi demander à la population de collaborer avec la police. Car, sans collaboration, il sera difficile de découvrir les assaillants. Donc, nous sommes sur la bonne voie. », assure-t-il.
De son coté, le Gouvernement déclare, par la bouche du ministre de la Communication et des Médias, que « des dispositions sont dores et déjà prises par les autorités judiciaires pour que ce crime crapuleux ne reste pas impuni et que ses auteurs soient retrouvés et châtiés conformément à la loi ». Dont acte. Dans l’entre-temps, une veuve et trois orphelins – sans oublier le reste de la famille et la communauté – ont définitivement perdu un être cher. Et la liberté de la presse a subi un coup dont la République n’a pas vraiment besoin en ce moment où elle doit asseoir son système politique. ”Chaque fois que j’entends ce genre de triste nouvelle, j’en suis toute secouée parce que je me dis que, demain, ça pourrait être le tour de mon mari”, avoue l‘épouse d’un journaliste avant d’ajouter: “Pourvu que ça cesse”.
« Assez », criaient les journalistes de Kinshasa lors d’une marche de colère l’année dernière à la suite de l’assassinat de Serge Maheshe. Visiblement, ils n’ont pas été entendus.
Vous pouvez lire cet article dans le blogue MEDIATIC