La création de 7amleh a été motivée par le besoin d’améliorer l’image et la capacité du plaidoyer palestinien en ligne, et pour sensibiliser non seulement le public international, mais aussi les Palestiniens eux-mêmes, aux questions palestiniennes.
C’est sur cette déclaration que l’ONG palestinienne 7amleh – Centre arabe pour le progrès des médias sociaux accueille les visiteurs sur son site, dédié à l’amélioration des capacités et des compétences de la société civile palestinienne et arabe par le biais de formations sur les compétences et méthodologies de l’activisme dans les médias sociaux. L’organisation apporte également son soutien aux campagnes locales de médias qui visent à obtenir une conscience tant sociale que politique de la situation des groupes marginaux privés de leurs droits et des communautés vulnérables.
APC a discuté avec Nadim Nashif, le directeur exécutif de l’ONG, à propos du travail de 7amleh et de ce qui attend l’organisation peu après son entrée officielle parmi les membres du réseau d’APC.
APCNouvelles : Vous travaillez avec des groupes marginaux. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces groupes et sur votre manière de travailler avec eux ?
Nadim Nashif : 7amleh se consacre à l’utilisation des ressources en ligne pour renforcer le pouvoir d’action des communautés palestiniennes et améliorer leurs capacités de plaidoyer et de sensibilisation sociale aux niveaux local et international. Nous travaillons directement auprès de communautés palestiniennes en danger/vulnérables – par exemple, à Al Zarnouq, un village non reconnu de la région du Naqab – pour développer des connaissances et des compétences qui leur permettent de documenter les abus envers leurs droits et de défendre eux-mêmes leurs intérêts par le biais de plateformes numériques. 7amleh a également mené diverses campagnes de sensibilisation et de lutte pour les droits, notamment la lutte contre la violence envers les femmes, la promotion du bénévolat, et pour contrecarrer le sectarisme galopant entre les sectes palestiniennes. Récemment nous avons également lancé une campagne avec Al-Qaws pour la diversité sexuelle et la diversité de genre en Palestine afin de sensibiliser à la situation de la communauté LGBTQ palestinienne.
APCNouvelles : Et qu’en est-il de votre public international ? Comment sensibilisez-vous au niveau international dans un contexte de montée des violations des droits humains ?
NN : 7amleh a également pour mission de diffuser toute nouvelle information qui permette de sensibiliser au niveau international sur la question des violations envers les droits numériques des palestiniens et d’encourager les organisations et les mouvements à être plus actifs à ce sujet. Notre travail innovant et notre vaste expérience ont amené des groupes internationaux qui luttent pour des causes similaires à collaborer avec nous. Nos valeurs se fondent sur la confiance inébranlable en la liberté de parole, et 7amleh est fière de faire partie des organisations les plus réputées pour son travail en faveur de la protection des droits numériques et de la liberté de parole des palestiniens.
APCNouvelles : Quelles sont les plus grandes difficultés dans votre travail? À quels obstacles vous heurtez-vous le plus ?
NN : Le fait de travailler dans un contexte restreint nous confronte à des restrictions tant de la part d’Israël que des autorités palestiniennes. Aujourd’hui, celles-ci sont de plus en plus contraignantes pour le travail des ONGs et des organisations qui œuvrent pour la défense du droit à la liberté d’expression. Nous sommes également confrontés au problème de soutiens financiers : étant donné la nature de notre travail, il n’est pas évident de trouver des bailleurs de fonds prêts à nous soutenir et à nous rencontrer.
APCNouvelles : Parlez-nous de vos succès. Quelles répercussions votre travail a-t-il eues dans votre communauté ?
NN: L’une des réussites récentes de 7amleh est le lancement du Palestine Digital Activism Forum [le Forum de l’activisme numérique de Palestine], qui a rassemblé la société civile palestinienne, les organisations internationales pour les droits numériques et les représentants de géants des médias sociaux pour échanger sur les défis de l’activisme numérique dans la société civile palestinienne. Il s’agissait du tout premier forum numérique palestinien jamais lancé, et il a attiré un public de 250 personnes et 25 intervenants locaux et internationaux invités.
7amleh a également mené des études et analyses de recherche, un fait unique dans le domaine des droits numériques. Nous avons récemment publié un rapport comportant des statistiques des cas de provocations des médias sociaux israéliens, suite à la montée alarmante des commentaires en ligne à caractère raciste ou haineux envers les communautés palestiniennes et arabes. Nous avons également publié récemment notre second rapport annuel, Hashtag Palestine 2016, qui étudie le contenu palestinien en ligne sur les réseaux de médias sociaux, en particulier les questions sociales et politiques les plus significatives dans lesquelles les Palestiniens se sont engagés au cours de 2016.
APCNouvelles : Pour quelles raisons avez-vous rejoint le réseau APC ? En quoi pensez-vous pouvoir contribuer en tant que membre et qu’attendez-vous d’APC ?
NN : Nous avons rejoint le réseau d’APC pour renforcer notre travail de plaidoyer à l’international, approfondir la sensibilisation à la réalité des droits numériques des palestiniens et obtenir un soutien international. Nous croyons également que faire partie d’un réseau international comme APC nous permettra d’améliorer nos compétences professionnelles, d’apprendre grâce aux autres organisations membres. À 7amleh, nous croyons que partager les expériences et les meilleures pratiques ne peut être que positif pour nous et pour l’ensemble du réseau.