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APC lance un nouveau projet « Mettre fin à la violence : les droits des femmes et la sécurité en line », qui s’appuie sur l’expérience et les connaissances acquises au cours des dernières années. Cette expérience a montré, et les organisations qui offrent des services de soutien aux victimes de violence l’ont dit, que pour établir de façon efficace des éléments de preuve, il faut un système plus systématique de documentation des violences liées à la technologie. Les tendances montrent que les femmes dans le monde vivent des formes de violence similaires en ligne, mais l’absence de collecte et d’analyse systématiques des données affaiblit notre capacité à apporter des solutions.

Les activités du programme seront menées dans les organisations et les pays suivants: Colnodo (Colombie), Si Jeunesse Savait (République Démocratique du Congo, RDC), KICTANet (Kenya), Foundation for Media Alternatives (Philippines), Bytes for All (Pakistan) et OneWorldsee (Bosnie-Herzégovine) et le Mexique. Les pays ont été choisis en fonction de leur diversité dans la connectivité et l’utilisation des médias numériques par les femmes, un facteur important pour la pertinence de ce projet.

Jusqu‘à présent, APC a apporté une contribution essentielle aux solutions contre la violence faite aux femmes en examinant comment les technologies de l’information et de la communication (TIC), en particulier l’internet, influent sur la façon dont les femmes et les filles vivent la violence [en anglais]. Ce travail a débuté en 2005 par une recherche qui a abouti à la campagne annuelle très populaire d’APC Réapproprie-toi la technologie, qui fait appel à des actions utilisant les TIC pour mettre fin à la violence faite aux femmes. En invitant à des actions quotidiennes, la campagne offre aux organisations de femmes et de jeunes filles l’occasion d’essayer les toutes dernières technologies tout en diffusant leur message de lutte contre la violence faite aux femmes.

Depuis lors, APC a élargi son champ d’action aux questions liées au préjudice en ligne, aux droits à la vie privée, à la réglementation des contenus et à la sécurité. De 2009 à 2011, APC a mis en œuvre le projet OMD3 «Réapproprie-toi la technologie! pour mettre fin à la violence faite aux femmes » qui visait à renforcer la capacité des militants et des organisations œuvrant pour les droits des femmes à utiliser la technologie dans leur travail pour mettre fin à la violence faite aux femmes. Le projet visait aussi à répondre à l’augmentation de ces cas de violence liée à la technologie dans douze pays en développement de trois régions : l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine.

Le “projet OMD 3”:http://www.apc.org/fr/projects/omd3-reapproprie-toi-la-technologie-pour… a contribué à renforcer les capacités de leadership permettant de faire participer des décideurs des pouvoirs publics et du secteur privé. Il comprenait également une documentation plus systématique des violences afin de renforcer le plaidoyer fondé sur les faits et l’analyse des recours juridiques pouvant être utilisés pour porter des accusations contre les auteurs et prendre des mesures de prévention. Les défenseurs des droits des femmes doivent améliorer leurs compétences en matière de plaidoyer en élargissant leur sphère de sensibilisation, ainsi que leur influence et pouvoir de négociation grâce à l’utilisation stratégique des outils technologiques.

Notre nouveau projet « Mettre fin à la violence : les droits des femmes et la sécurité en ligne » comprend un programme de quatre ans visant à établir un axe de lutte contre la violence faite aux femmes et à utiliser les partenariats existants pour améliorer la sécurité des femmes en prévenant la violence croissante contre les femmes liée aux TIC. Le projet est financé par le ministère néerlandais des Affaires étrangères (DGIS).

Le projet cible les femmes dirigeantes – dirigeantes d’organisations pour les droits des femmes, femmes dans le secteur de la technologie, leadeurs communautaires, jeunes animatrices et femmes influentes – ainsi que des organisations pour les droits des femmes qui mettent déjà en œuvre des stratégies d’intervention et de plaidoyer pour faire face à la violence faite aux femmes liée à la technologie – ce qui comprend le cyberharcèlement, le harcèlement sexuel en ligne, la manipulation d’image et de la violation de la vie privée.

Ces formes de violence contre les femmes font de plus en plus partie de la violence et des abus sexuels perpétrés par le partenaire intime en intensifiant le préjudice par la surveillance numérique et en reproduisant les abus par l’enregistrement, la reproduction et la distribution électronique des actes de violence.

« Il faut un certain temps pour visualiser, comprendre et finalement sentir que la violence en ligne est de la violence. Notre corps virtuel est irrémédiablement lié à notre corps physique », explique Valentina Pellizer, OneWorldsee, qui a participé aux campagnes Réapproprie-toi la technologie en 2010 et 2011 et participe au nouveau projet. « D’après les récits des femmes, nous nous rendons compte qu’il existe de nombreux cas similaires où la technologie sert à abuser des femmes et des jeunes filles, et leur représentation en ligne suit le schéma discriminatoire imposé par cette société patriarcale ».

Le programme va utiliser cinq stratégies interdépendantes qui donnent aux femmes des opportunités ainsi que la capacité de jouer un rôle important en matière de déclaration et de prévention des cas de violence contre les femmes en ligne :

1. Saisie de données, déclaration, surveillance et analyse systématiques des actes de violence liées à la technologie.
2. Renforcement de la capacité des femmes à communiquer avec les décideurs politiques nationaux, les juges, les avocats et d’autres acteurs importants pour déterminer les recours possibles prévus dans les lois et les règlements en vigueur et, au besoins, élaborer de nouvelles politiques qui visent à protéger les droits des femmes, y compris leur sécurité.
3. Renforcer la capacité des femmes à influer sur les entreprises internet et de télécommunication, comme les plateformes de réseaux sociaux, les compagnies d’hébergement internet et les opérateurs de téléphonie mobile pour formuler des politiques et des pratiques d’utilisation qui respectent les droits des femmes. Cela comprend une représentation adéquate des femmes dans l‘élaboration des politiques et l’établissement des normes et veiller à ce que les politiques et les normes tiennent compte de la sécurité des utilisateurs.
4. Promouvoir une campagne visant à créer un environnement et une culture en ligne qui affirment le droit de chacun à la sécurité. Cette culture ne saurait tolérer un comportement et des pratiques préjudiciables et violentes envers les femmes et les jeunes filles. Elle comprendra des actions de solidarité ciblées et fera participer les jeunes.
5. Renforcer la capacité des organisations œuvrant pour les droits des femmes à devenir des chefs de file dans la lutte contre la violence faite aux femmes liée à la technologie en modifiant leurs propres pratiques organisationnelles.

APC vise à plus d’efficacité dans la saisie des données pour les rapports et le suivi. Auparavant, les rapports étaient effectués par les pays partenaires au moyen de recherches documentaires, de discussions de groupe, d’entrevues et de sondages. Pour ce programme, APC utilisera une plateforme en ligne qui permettra de saisir et de diffuser des informations à grande échelle grâce aux téléphones mobiles et au web, visualisera les informations sous forme de cartes et suivra et filtrera les rapports au fil du temps. Nous utiliserons Ushahidi et Frontline SMS, deux outils gratuits et ouverts que réduisent les obstacles à la collecte des informations et à l’établissement de rapports, en particulier pour les particuliers et les organisations non gouvernementales (ONG) locales qui travaillent dans les pays en développement.

« À OneWorldsee, nous sommes ravis de nous joindre à l’espace de cartographie créé par APC », ajoute Mme Pellizer. Nous devons tous abandonner la collecte d’histoires anecdotiques pour en faire une cartographie permanente et montrer notre capacité à établir des preuves. Nous avons l’intention d’utiliser une plateforme de militants et d’utilisateurs (www.zenskaposla.ba) pour nous aider à collaborer avec les chercheurs, les décideurs et les médias pour cartographier d’abord, avant d’y donner un nom et d’œuvrer pour le changement.

La prévention de la violence faite aux femmes liée à la technologie est importante pour mettre fin à ce type de violence aujourd’hui et aide à créer un environnement sûr et sécurisé pour les femmes et les jeunes filles dans tous les domaines de la vie.