Facebook n’est pas seulement un espace de retrouvailles avec des anciens copains de l’école primaire qui permet de fouiner dans la vie privée de nos « ami(e)s ». Les activistes du monde entier commencent à s’approprier ce nouvel espace virtuel pour amplifier leurs impacte et établir un contact à la fois instantané et plus interactif avec militants et organisations de contextes de plus en plus divers. ITeM, le membre d’APC en Uruguay, discuta avec APCNouvelles sur sa façon d’utiliser ce nouvel outil et partage ici quelques conseils pratiques pour ceux qui, eux aussi, tentent l’expérience des réseaux sociaux et des outils web 2.0.
APCNouvelles : Quand et pourquoi avez-vous décidé d’utiliser Facebook ?
Elsa Duhagon : Fin 2008, Choike [le portail pour la société civile de l’ITeM] a décidé de créer un profil sur Facebook qui servirait de plateforme de diffusion pour le contenu du site et qui tenterait de nous rapprocher un peu plus au public qui nous consulte. Au début nous nous étions inscrits sur FB en tant que « groupe », puis nous avons changé pour le statut d’ « ami ». Il a été très intéressant de découvrir ce petit « truc », parce que cela nous a permis beaucoup plus d’interactivité et son utilisation est bien plus « amicale », comme son nom l’indique.
APCNouvelles : Quels résultats avez-vous obtenus ?
ED : Cet outil est encore nouveau pour nous, mais il nous donne de très bons résultats pour établir des conversations, des contacts, et publier des photos bien plus vite qu’auparavant, avec un fonctionnement équitable en aller-retour. Sur FB nous avons rencontré beaucoup d’organisations qui utilisent elles-aussi cette plateforme, et nous avons pu entrer instantanément en contact avec elles. Il nous a été important de connaître les visages de nos collaborateurs et de pouvoir nous rencontrer beaucoup plus souvent. Réciproquement, nous nous connectons également avec d’autres sites de presse similaires au nôtre et dont nous apprécions le matériel.
Certaines campagnes ont eu une grande répercussion, comme par exemple « International Criminal Court (ICC) : Global ratification » et « End Attacks on Gaza. End Gaza Siege, End the Israeli Occupation » entre autres.
APCNouvelles : Comment cette interaction est-elle possible?
ED : Grâce aux fils RSS de nos “amis”, nous avons accès à un matériel original qu’il aurait été difficile de trouver autrement, comme des vidéos ou des articles intéressants, et nous en discutons avec eux. Nous avons reçu plus de commentaires sur FB que sur le site web, où la plupart étaient en fait des pourriels. À travers le profile de Choike, nous publions les nouveautés du site ainsi que des documents qui ne sont pas forcément inclus sur notre site web.
Au cours du Forum Social Mondial 2009, nous avons reçu des contributions intéressantes, des photos et commentaires qui étaient postés à l’initiative de personnes et organisations “amies”.
APCNouvelles : Pouvez-vous nous donner un exemple d’activisme sur FB ?
En ce qui concerne le massacre de Gaza, et vue la quantité de médias indépendants mobilisés contre l’interdiction de la part d’Israël de laisser entrer la presse pendant le conflit, Choike s’est uni à des campagnes présentes sur Facebook et a tenté de publier des nouvelles de ces médias.
Ces derniers temps, nous avons mené plusieurs autres campagnes avec succès, en coordination avec d’autres réseaux. Pour cela, nous utilisons à Choike un logiciel qui facilite l’adhésion d’organisation ou de personnes, à la fois rapide, simple et sûr en termes de légitimité des signatures – dans ce cas, Facebook a servi de point d’accèes à ces campagnes.
En ce moment, une campagne a été lancée sur cette même plateforme, en collaboration avec divers réseaux et organisations : “Pour un nouveau modèle économique et social. Mettons la finance à sa place !” (For a new economic and social model – Let’s put finance in its place!).
Comme sur son site web, le contenu de la page de Choike sur Facebook est à la fois en espagnol et en anglais, bien que sur FB, il arrive que les informations soient dans d’autres langues.
APCNouvelles : Il y a eu certaines critiques face aux droits à la vie privée et Facebook. Quelle a été votre stratégie face à ceci?
ED : Nous utilisons FB comme un outil de diffusion d’information publique et nous avons réussi à rejoindre un publique qui, en d’autres cas, n’aurait peut-être pas pu accéder à ce genre d’information alternative. Toutefois, nous sommes conscients des accusations qui ont été faites contre FB concernant le droit de la vie privée et la propriété intellectuelle (FB devient propriétaire de tout le contenu publique qui est publié par ses membres). Nous prenons avantage de cette plateforme pour diffuser de l’information concernant les conséquences de politiques qui encouragent ces mesures restrictives sur la propriété intellectuelle (comme, par exemple l’Organisation mondiale du commerce presionne les pays à appuyer ces mesures restrictives, par exemple).
Dans les cas d’information confidentielle, nous ne recommandons pas utiliser Facebook.