Pollicy est un collectif féministe de technologues, de scientifiques des données, de créateurs et créatrices et d’universitaires. À l’intersection des données, de la conception et de la technologie, le collectif vise à améliorer les modes de vie en tirant parti des données améliorées. Présent dans toute l’Afrique, son siège se trouve à Kampala en Ouganda.
Pollicy est également récemment entré parmi les organisations membres du réseau d’APC, auquel il a officiellement adhéré en juin 2021.
L’engagement de Pollicy auprès d’APC date en réalité de 2019. Le collectif avait alors proposé un projet, qu’APC avait inclus au Réseau de recherche sur l’internet féministe (FIRN), un projet de recherche multidisciplinaire et collaboratif dirigé par APC avec le financement du Centre de recherches pour le développement international (CRDI). La recherche menée par Pollicy dans le cadre du FIRN portait sur la violence de genre en ligne. Elle se basait sur l’expérience en ligne de femmes dans cinq pays d’Afrique, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda et le Sénégal. Son rapport Alternate realities, alternate internets: African feminist research for a feminist internet (Réalités alternatives, internets alternatifs : Une recherche féministe africaine pour un internet féministe) publié en 2020, en présente les résultats.
Quels faits ont décidé Pollicy à s’engager plus en avant et devenir une organisation membre d’APC ? APCNouvelles a interrogé Neema Iyer, la fondatrice et directrice de Pollicy, pour en savoir davantage.
APCNouvelles : Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre le réseau d’APC?
Neema Iyer : Avant de participer au Réseau de recherche sur l’internet féministe, à Pollicy nous ne connaissions pas vraiment APC. C’est en passant du temps avec les membres d’APC en Malaisie lors de la réunion de lancement du FIRN, puis dans les semaines et les mois qui ont suivi, que j’ai appris à mieux connaître APC, sa mission, ses valeurs, sa communauté, ses réseaux. J’ai également su quelles contributions importantes le réseau d’APC avait réalisées en faveur d’un internet libre et ouvert ancré sur le féminisme, l’intersectionnalité, l’inclusion et la diversité. J’en suis venue à admirer le travail réalisé par APC à travers son réseau, et à apprécier le sens de communauté et la solidarité que j’ai pu observer parmi les membres d’APC, notamment pendant les conférences.
Lors des interactions que j’ai pu avoir avec l’équipe d’APC, j’ai trouvé chacun et chacune très volontaire, travaillant sur des objectifs concrets. Alors même que nous n’étions pas membres d’APC, j’ai senti que j’étais la bienvenue et que je faisais partie de la famille. Je conserve de nombreux merveilleux souvenirs de nos réunions, qu’elles aient été physiques ou virtuelles. Le mode de fonctionnement d’APC m’intéresse aussi tout particulièrement. Une organisation décentralisée, qui valorise ses employé·e·s et ses collègues pour leurs apports et non en fonction de leur lieu d’origine, voilà exactement le type d’organisation que j’espère moi aussi mettre en place.
Enfin, notre travail s’étend hors des frontières de l’Ouganda et de l’Afrique. Nous avons hâte d’établir des partenariats et des collaborations pour profiter de l’expertise et des connaissances des membres d’APC. Nos expériences dans le Sud global ont de nombreux points communs ; je suis persuadée que nous ne pouvons que bénéficier d’un travail commun sur des problèmes similaires, des plateformes communes, pour un avenir positif.
Tout cela pour dire que ce sont les valeurs, la mission et la communauté d’APC qui m’ont attirée. Nous avons tant à apprendre de ce merveilleux réseau si chaleureux, mais nous voulons aussi apporter notre contribution à ce vaste mouvement.
APCNouvelles : En quoi pensez-vous pouvoir y contribuer en tant que membre, et qu’attendez-vous d’APC ?
Neema Iyer : Maintenant que nous sommes membres, nous espérons pouvoir apporter les connaissances que nous avons acquises en matière de création d’un internet féministe en Afrique subsaharienne. À Pollicy, nous privilégions les approches créatives en matière de moyens de communication, afin de répondre aux enjeux qui se posent à travers les TIC, les technologies civiques, les technologies d’intérêt public (ou quel que soit le nom qu’on leur donnera dans les années à venir). Or, de nombreux domaines relatifs aux technologies émergentes peuvent s’avérer complexes, truffés de jargon. Il nous semble donc indispensable de rendre l’information plus accessible à de plus grandes sections de la population. Je crois que la collaboration avec d’autres membres nous permettra d’utiliser ces approches pour continuer à élargir notre vision partagée.
Enfin, j’espère aussi que Pollicy sera en mesure de soutenir les membres d’APC. Nous comptons leur offrir des conseils, les mettre en relation avec nos autres partenaires, nous montrer solidaires en cas de besoin et travailler en faveur d’un internet libre et ouvert pour toutes et pour tous.