En 2011 APC a publié un rapport sur l’utilisation du spectre en Amérique latine et aux Caraïbes, « uso del espectro en América Latina y el Caribe » axé sur les cas de l’Argentine, du Brésil, de la Colombie, de l’Équateur, du Pérou et du Venezuela. Sept ans plus tard, qu’est-ce qui a changé ? Où en sont les politiques relatives au spectre dans la région ? Pour en savoir plus, nous avons interviewé Carlos Afonso, Directeur exécutif de Núcleo de Pesquisas, Estudos e Formação (Nupef), organisation membre du réseaux APC.
Afonso travaille depuis les années 1970 dans le développement humain, à l’origine en tant que consultant du Bureau national de planification du gouvernement de Salvador Allende au Chili, puis pour diverses agences internationales de développement au Canada et dans d’autres pays. Il a été conseiller au Programme des Nations Unies pour le développement et auprès d’autres organisations internationales pour les questions liées aux technologies de l’information et des communications (TIC) et le développement humain dans des pays comme le Brésil, le Nicaragua, la Colombie, le Honduras, le Mozambique, l’Angola et le Cambodge.
APCNouvelles : En 2011 APC a publié un rapport sur l’utilisation du spectre en Amérique latine et aux Caraïbes, axé sur les cas de l’Argentine, le Brésil, la Colombie, l’Équateur, le Pérou et le Venezuela. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Où en sont actuellement les politiques relatives au spectre dans la région ?
Carlos Afonso : Il serait très judicieux de réaliser une nouvelle étude pour mettre à jour la situation par rapport à 2011. Les politiques de spectre varient énormément selon les critères de distribution, les règles d’accès au spectre sans licence, l’impact de l’agent régulateur des télécommunications sur les services à valeur ajoutée, etc. Les initiatives de réseaux communautaires s’intéressent également beaucoup à la politique d’autorisation de l’utilisation secondaire de bandes du spectre, une politique encore à l’état embryonnaire dans la région.
APCNouvelles : Quelles ont été les retombées au Brésil et dans le reste de la région de la régulation du spectre ?
C. A: Il y a deux grands aspects à cette question, communs à tous ces pays : le spectre de radiodiffusion (radios et télévisions communautaires) et le spectre de communication numérique (large bande, réseaux communautaires sur l’internet). La régulation est inévitable, mais elle devrait viser l’amélioration de l’universalisation de l’accès et l’isonomie vis-à-vis des fournisseurs. Une telle régulation ne peut pas être statique ; elle doit incorporer de manière dynamique les radios logicielles pour une utilisation partagée du spectre. Au Brésil on n’a pas encore réussi à obtenir une régulation qui garantisse l’accès isonomique à niveau local pour les initiatives de réseaux communautaires, si bien que celles-ci finissent par utiliser uniquement les bandes non - licenciées restrictives. Les licences pour les radios communautaires et télévisions demeurent restrictives, bien que quelques modifications récentes (comme la portée autorisée) aient amélioré la situation.
APCNouvelles : Quels sont les enjeux et les défis de l’utilisation communautaire du spectre?
C.A. : Il y a de nombreux enjeux, mais le défi est de réussir à avoir une régulation intelligente, tournée vers la démocratisation de la connectivité en bout. La régulation ne devrait pas être statique, et il faut une certaine flexibilité pour accompagner les progrès technologiques – par exemple des radios logicielles qui facilitent l’utilisation partagée du spectre ou de nouvelles régulations relatives à l’octroi de spectre, comme la proposition d’octroyer une plage sans licence de 1 GHz de bande sur la plage de 6 GHz (déjà connue comme « wifi 6 »).
Pour plus d’informations sur le projet de Nupef, visitez le site web de référence sur la régulation du spectre et les initiatives de réseaux communautaires au Brésil et dans d’autres pays, ici.