Un défi fondamental nécessitant une résolution urgente à l‘ère numérique est de protéger les droits de l’homme et les libertés sur Internet, et le continent africain n’en fait pas exception. Les droits africains de l’internet sont au cœur du travail d’APC et évolueront avec notre nouveau coordinateur régional pour la politique africaine, Sekoetlane Phamodi, qui vient de rejoindre APC.
Sekoetlane Phamodi est un militant féministe noir formé en journalisme et en droit. Il a été impliqué dans la radiodiffusion et la défense de la liberté des médias pendant quatre ans, en tant qu’intégrateur, communicateur et facilitateur de projets, avec près de dix ans d’expérience dans la société civile en Afrique du Sud. Il a travaillé dans un certain nombre de domaines dans le secteur du développement, faisant progresser les luttes de justice sociale dans les domaines du VIH et le sida, la violence sexuelle, la justice de genre et les médias pour le développement. En outre, Sekoetlane est un commentateur régulier sur les intersections entre la politique, la race, la classe et le genre, et a été largement publié dans une gamme de grands titres nationaux imprimés et numériques en Afrique du Sud.
“ Je viens d’un milieu militant féministe, ” explique Phamodi. “ Les questions sociales en Afrique et ailleurs, de la liberté d’expression à tous les droits économiques, sociaux et culturels, ont toujours été d’après moi, liées à une justice de genre et de droits sexuels. ”
Après son travail avec SOS Coalition, Phamodi voit APC comme le moyen de faire avancer son travail dans un espace plus large avec une voix et une approche féministes fortes. “ APC semblait une solution parfaite, une organisation investie dans le Sud global et avec une forte présence en Afrique. Il existe peu d’outils plus puissants pour l’autonomisation des africains que la Déclaration Africaine des Droits et Libertés de l’Internet et les Principes Feministes de l’internet, ” a t-il souligné.
Le nouveau coordonnateur régional de la politique africaine d’APC, qui est aussi un ancien élève de la promotion 2015 de notre Ecole Africaine sur la Gouvernance de l’internet, considère la Déclaration Africaine comme un modèle progressif pour façonner la gouvernance de l’Internet sur le continent, l’Internet étant le principal moyen pour les gens de rester connectes et de communiquer entre eux et avec le reste du monde. Elle peut faire pour l’Internet en Afrique ce que la Declaration de Windhoek a fait pour la diffusion sur le continent. “ Il est bon de voir l’Afrique continuer à diriger en assurant un Internet libre et ouvert, accessible et représentatif de personnes si marginalisées par le Nord mondial et par les gouvernements locaux et régionaux. ”
En ce qui concerne les Principes féministes de l’Internet, il les considère comme un “ cadre puissant pour l’Afrique, en tant que communauté régionale qui doit donner la priorité aux besoins et aux droits des personnes les plus défavorisées, afin de créer un monde équitable. Les voix, les vies et les expériences des femmes et des personnes sexuellement marginalisées dans le Sud global se trouvent plus protégées et plus autonomes en regardant l’Internet à travers une lentille des FPIs. ”
Phamodi s’appuiera sur le travail exceptionnel accompli par Emilar Vushe, qui a dirigé le travail régional d’APC en Afrique pendant plus de sept ans jusqu’en 2016. “ Tant de bonnes choses ont déjà été faites, y compris la Résolution internet de Banjul last year, que nous devons maintenant intégrer dans les différents contextes régionaux et locaux. Nous devons tirer parti du travail que des personnes comme Emilar ont fait pour le continent. ”
Interrogé sur la façon dont il se sent face aux défis à venir, Phamodi dit qu’il est devenu intimidé par la quantité énorme de travail et de responsabilité qui lui est confié. “ Mon rôle, tel que je le vois, est ce creer un impact qui peut aider à transformer la vie des gens sur le continent, y compris la construction de mouvements autour de la DA. Nous voyons de plus en plus de répression de la liberté d’expression en Afrique, des cas d’arrêt de l’Internet en période d’instabilité sociopolitique et des outils comme la DA peuvent aider à mobiliser une communauté importante pour lutter contre cela et défendre nos droits. Faire ce lien avec les perspectives et les pratiques féministes est quelque chose que je vais promouvoir, car plus de la moitié de notre continent est constitué de femmes, mais seulement un quart des femmes a un accès significatif à Internet. L’utilisation d’Internet comme outil de changement au niveau des ESCR exige que les femmes soient placées au centre. Dans ma langue nous disons “ Mosali o tšwara thipa kabohaleng ” – c’est un proverbe Sesotho qui signifie “ Les femmes tiennent les couteaux par leurs lames. ”
En d’autres termes, Les femmes sont le noyau dans l’ensemble des sociétés africaines. “ Nous avons une telle histoire de l’oppression coloniale que nous devons affronter cette nouvelle ère – avec la montée du capitalisme néolibéral et son agenda politique, l’impérialisme culturel et le néocolonialisme – à travers les économies de la connaissance qui sont tenues par des outils tels que l’Internet. Ce n’est que par l’autonomisation des femmes que nous verrons l’autonomisation de tous nos peuples. ”