L’accès à l’internet est vital pour lutter au niveau mondial contre la pandémie de COVID-19 de manière informée, coopérative et axée sur les personnes. Il joue un rôle essentiel : il rend les flux d’information possibles, répond aux besoins des communautés en temps de crise, et fait partie intégrante de tous les plans de gestion de catastrophes. Si le virus a fait apparaître en plein jour la gravité des inégalités structurelles dans le monde, les sentiments de communauté et de résilience collective prennent également un nouveau sens et une nouvelle importance.
L’internet fait partie intégrante de cette résilience naissante. C’est pourquoi il est si important de le protéger comme un bien public, et que les droits humains soient respectés en ligne dans toute réponse face à la crise.
Le présent document d’opinion présente les pensées actuelles de l’Association pour le progrès des communications (APC) au sujet de la pandémie. Il identifie un certain nombre de questions importantes étroitement liées qui exigent l’attention des gouvernements, du secteur privé et de la société civile :
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L’exclusion numérique vulnérabilise encore plus les populations vulnérables
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L’importance de respecter les droits humains en ligne
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Répondre et transformer selon un point de vue féministe
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Une attention revigorée envers l’action climatique et les technologies durables pour l’environnement
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Consolider l’inclusion et la connectivité, et renforcer nos mouvements.
Résumé des recommandations soulevées dans ce document d’information
Face à la pandémie de COVID-19, les gouvernements, les acteurs du secteur privé et la société civile doivent porter leur attention sur les questions suivantes :
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Il est essentiel que les gouvernements respectent les droits humains et que toute limitation à leur encontre soit justifiée, sans porter préjudice aux bases démocratiques des sociétés. Les mesures adoptées en réponse à la crise devraient être proportionnées et éviter de limiter inutilement les droits humains.
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L’internet est une ressource publique mondiale qui devrait être gouvernée en tant que bien public mondial. Dans le contexte de la pandémie, le caractère public de l’internet et les biens communs numériques mondiaux devraient être renforcés et non dégradés.
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Les gouvernements et les acteurs du secteur privé devraient élaborer des stratégies urgentes pour améliorer l’accès internet des communautés exclues du numérique, ou celles dont la connectivité est limitée. À court terme, le prix des données devrait être réduit, les points d’accès public au wifi développés, et les coûts des appareils permettant l’accès internet, réduits ou subventionnés. De même, des directives de politiques devraient soutenir les projets visant à créer rapidement et à plus large échelle des réseaux communautaires.
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Pour que l’internet puisse servir pour la résilience et la connexion, il doit offrir la sécurité à toutes les personnes. Il ne faut donc pas sous-estimer l’importance d’un internet féministe.
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Les donateurs et les organisations de la société civile ont un rôle essentiel à jouer pour mettre en place des stratégies de minimisation du stress que génère la nécessité de fournir un certain niveau de performance tant au niveau professionnel que dans le travail domestique invisible et non payé.
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Le droit à la vie privée doit être respecté dans la mise en oeuvre de toute technologie de surveillance et de suivi ainsi que dans les solutions de gestion de la pandémie. Le secteur privé a également l’obligation de garantir que l’adoption rapide de leurs applications se fait dans le respect des données privées, sans aucune surveillance. Toute mesure prise par les gouvernements qui pourrait avoir un impact sur la vie privée doit être communiquée clairement au public.
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La liberté d’expression et l’accès à l’information doivent être préservés. Les coupures de l’internet et toute restriction à l’accès internet ne devraient en aucun cas être considérées comme des réponses acceptables pour contenir la crise. La censure de contenus ou la criminalisation de la désinformation devraient être évitées, tandis que les pratiques de vérification de contenus devraient être encouragées. S’il faut examiner les droits du travail des travailleurs et travailleuses de contenu, il faut également accorder une attention particulière aux restrictions que les outils automatisés de contenus peuvent appliquer à l’accès à des informations liées à la santé et à la liberté d’expression.
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Nous devons revoir radicalement notre conception du développement durable, et ce qu’on peut apprendre de la pandémie en termes de modifications dans notre travail et dans notre comportement social. Il faut redonner une dynamique au plaidoyer de politiques relatives aux technologies de l’information et des communications (TIC) pour encourager les solutions technologiques écologiques pour affronter la crise climatique et environnementale.
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La manière dont les mouvements féministes, les mouvements pour les droits numériques et les mouvements pour l’environnement, occupent l’espace numérique sera un facteur déterminant pour la réponse que fournira la gouvernance de l’internet à l’avenir au sujet des déséquilibres de pouvoir. L’inclusion et la participation significative de l’ensemble des parties prenantes sont toujours aussi nécessaires dans la crise actuelle.
Lire le document d'opinion ici.
APC a fait la compilation de diverses ressources, « Protéger les droits humains en ligne en temps de crise: Une série de ressources utiles », accessibles ici.