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J’écris ce message depuis le coin de réflexion que j’ai chez moi, où la pandémie nous a envoyés. L’assemblée virtuelle des membres d’APC a pris fin, et suite aux élections du conseil d’administration nous avons maintenant un nouveau conseil, dont j’ai été nommé le président. Je pensais poursuivre mon travail au sein du conseil, mais à ma grande surprise, on m’a donné la responsabilité, que j’apprécie et accepte bien volontiers, de présider le groupe qui supervise la gouvernance d’APC.

Je souhaite exprimer toute ma reconnaissance, largement méritée, à chacune des personnes qui a contribué de différentes manières, pendant plus de 30 ans, en y mettant tout leur effort et leur passion, au travail du collectif qu’est APC. La liste des réussites est vaste. La fête de célébration du 30è anniversaire d’APC, même s’il a fallu la réaliser en ligne, a néanmoins été un bel exemple de la façon dont le monde numérique que nous avons aidé à développer nous a permis de nous réunir. La rencontre a donné un exemple coloré de tout ce que nous sommes et faisons à APC et des résultats obtenus grâce aux efforts merveilleux d’une équipe passionnée et de nous toutes et tous qui avons contribué à l’organisation, qui avons modéré, participé, illustré et commémoré.

Je remercie l’ensemble des membres sortants du conseil d’administration pour leurs contributions à la gouvernance d’APC et je souhaite chaleureusement la bienvenue aux nouveaux venus. C’est l’effort de chacun et de chacune d’entre nous qui a permis à APC de jouer le rôle impressionnant auquel nous aspirions. La période de trois ans qui commence s’annonce elle-aussi très intéressante, puisqu’aux défis que nous avions jusqu’à présent s’ajoute le besoin de s’adapter aux nouveaux changements et défis environnementaux, qu’il s’agisse de la pandémie, du climat ou encore de la pollution.

Nous vivons actuellement une époque où l’internet et le royaume du numérique sont devenus les principaux outils de notre activité quotidienne, non par choix mais par limitation. Nous vivons au-delà des limites environnementales, ce qui menace et affecte la planète entière. En plus des dommages causés à la nature, les gens souffrent, certains plus que d’autres, de l’inégalité d’un monde globalisé ; le numérique impose des obstacles à la participation en raison des besoins en infrastructures, appareils, contenus et services, et des limitations imposées par leurs propriétaires. En étant plus proches que jamais, APC a tenté d’être présente auprès de chacune et chacun d’entre nous, et nous avons ressenti encore plus clairement cette nécessité que le monde numérique devienne un bien commun mondial, qui ne peut exclure personne, d’autant moins lorsque les changements tendent à aggraver les inégalités. Dans de telles situations, le danger est d’ignorer ou d’exclure les personnes qui souffrent de discrimination et d’oppression, et qui ne peuvent pas devenir visibles en raison de leur manque de connexion. Le danger est d’imposer l’uniformité, à l’encontre de la diversité.

De la même manière, l’environnement numérique ne peut pas exclure la biodiversité et l’environnement dans lequel nous vivons. Nous devons veiller à ce que toutes et tous ayons la possibilité de participer dans le monde numérique et que cela fasse partie de la solution pour la planète et non du problème. Nous utilisons et nous façonnons l’internet et les technologies numériques pour satisfaire les besoins et les droits des personnes et de la planète, pas le contraire. Voilà pourquoi nous espérons retrouver rapidement l’équilibre qui nous permette de nous revoir, en même temps mais aussi au même endroit, et célébrer les retrouvailles comme il se doit. Nous nous guiderons en fonction des problèmes à résoudre et des priorités établies pour cette période de trois ans.

Dans les temps à venir, et notamment pour la période 2020-2023 de ce conseil d’administration et du plan stratégique, nous devons poursuivre nos efforts pour dépasser les barrières sociales des inégalités et des abus, pour un monde plus juste pour la planète et ses habitants, pour un monde qui respecte les limites naturelles et sociales et que les activités humaines soient plus respectables. La vision, la mission, les valeurs et le plan stratégique d’APC pour 2020-2023 sont plus pertinents que jamais.

Comme le disait Vicente Ferrer*, lui aussi originaire de Barcelone : « La misère et la souffrance n’ont pas (seulement) à être comprises, mais à être résolues. » Nous sommes des activistes : nous faisons partie de la solution !

Leandro Navarro, président du conseil d’administration d’APC

* Fondation Vicente Ferrer: Trois hôpitaux, 14 cliniques rurales, 1700 écoles, 30000 maisons, +3 millions d’arbres plantés, plus de 2,5 millions de personnes aidées.

Leandro Navarro a co-fondé Pangea en 1993. Les premières années il a travaillé comme bénévole en tant qu’administrateur système, et s’occupait des courriels, des listes et groupes de nouvelles d’APC. Après avoir laissé son travail à des professionnels, il a continué en tant que vice-président et membre du comité consultatif de Pangea. Il a co-fondé l’initiative eReuse.org basée sur une économie circulaire dans la réutilisation et la traçabilité des appareils numériques, opérée par Pangea avec des recherches réalisées à l’UPC. Leandro est membre et président du conseil d’administration de l’Association pour le progrès des communications. Titulaire d’un doctorat en télécommunications, Leandro travaille comme professeur associé à l’UPC.EDU. Il dirige une équipe de recherche sur les réseaux informatiques et les systèmes de distribution, et mène des recherches sur les modèles coopératifs, décentralisés et durables de réseaux et de systèmes informatiques. Il a participé à un grand nombre d’événements sur les TIC, de publications et de forums en matière de gouvernance de l’internet public, de réseaux communautaires et de connectivité universelle, en Europe et dans le monde. Il écrit régulièrement dans le monde académique et comme presque tous dans cette ferme globale, on le lit et le suit à travers Google et autres, même s’il reste absent de Facebook. Il se préoccupe de sa contribution régulière au réchauffement climatique, et ses fruits préférés sont les mandarines.