Le présent communiqué a été originellement publié par ASUTIC.
En Afrique, avec une population de plus d'un milliard trois cents milles, il n'y a que 212 millions qui utilisent le réseau social. C’est une opportunité commerciale que Facebook ne peut ignorer, et compte bien en profiter.
Aussi, Facebook en partenariat avec les opérateurs de téléphonie mobile du continent africain, a mis en service Facebook Flex qui est une version gratuite de Facebook sans photos, vidéos ou liens externes.
Ce que Facebook a décidé, est ceci: permettre aux entreprises de téléphonie mobile utilisant les ressources rares de nos gouvernements de n'offrir que Facebook sans aucune autre option sur l’internet ouvert, porteur d’opportunités de développement pour l’Afrique.
Facebook construit, ainsi, un «un enclos numérique» dans lequel les personnes pauvres d’Afrique ne pourront accéder qu'à un ensemble limité de services inadaptés à leurs besoins. Un service intrinsèquement discriminatoire qu'on peut qualifer d'apartheid numérique de Facebook dans le continent africain.
Contrairement à tous ceux qui ont la liberté sur internet, étant en mesure d'accéder à un internet ouvert ou tous les contenus, applications et services sont traités de manière égale, sans aucune discrimination, Facebook offre à nous, pauvres africains, une «prison numérique».
C'est cet internet que Facebook met à la disposition des pauvres d’Afrique qui peuvent se permettre un téléphone portable mais pas une connexion Internet.
Ce partenariat est dangereux. Il viole la neutralité du Net, l'égalité des chances, met en danger la liberté d'expression, la vie privée des utilisateurs et crée de nouvelles opportunités de censure répressive de l'État, mais surtout, il permet à Facebook d’espionner les données des clients des opérateurs de téléphonie mobile, car tout le trafic passe par ses serveurs.
Pire encore, Facebook a principalement conçu ce service pour obtenir les données personnelles des pauvres de l’Afrique. Aussi, afin d'atteindre son objectif de contrôle et de domination numérique sur les populations démunies de l’Afrique, Facebook prétend que son objectif est plutôt de les aider
Si Facebook veut vraiment aider l’Afrique à sortir de la pauvreté, les préalables à l’accès à internet sont l'accès à une éducation de qualité, aux soins de santé, à l’eau potable et à l'électricité. Même si l’accès ferait partie des priorités africaines, ce n’est certainement pas «l’enclos numérique» de Facebook mais plutôt l’internet ouvert. Facebook est aphone sur ces défis prioritaires pour l’Afrique.
Aussi, Facebook gratuit n’est qu’un élément important de la stratégie commerciale de l'une des plus grandes sociétés internet du monde, plutôt qu’un acte de charité altruiste. Un business inique basé sur des intérêts commerciaux égoïstes.
Ainsi, Facebook arrive à collecter, les données des utilisateurs à faible revenus et en bénéficie économiquement à leur détriment: du colonialisme par le biais du numérique. Cette colonisation numérique surpasse tout avantage donné par Facebook via sa version gratuite: une arnaque.
Pourquoi les populations africaines à faible revenus africain devraient-elles être emprisonnées numériquement par Facebook? L’internet ouvert doit être pour tous, en particulier sur les domaines publics de nos Etats, à savoir les bandes de fréquences.
Aussi, ce que nous disons à nos gouvernement est le suivant: sur nos bandes de fréquences, assurez-vous que chaque opérateur de téléphonie mobile en Afrique offre à chaque citoyen l'internet ouvert et non pas seulement un petit coin choisi par Facebook.
Mettez fin à cette illégalité de Facebook Flex en Afrique surtout dans les pays comme le Sénégal ou la neutralité du net est protégée par l’article 25 du Code des communications électroniques.
Prenez exemple sur l’Union Européenne, l’Inde, le Japon, le Chili, le Brésil, le Canada, la liste est longue de pays ou Facebook gratuit a été déclaré illégal. Ils ont, ainsi, fermé la porte à ce service colonial, disant ainsi, non à l’exploitation de leurs populations démunies par Facebook.
Ce colonialisme numérique de Facebook à son profit aux frais de nos gouvernements ne saurait prospérer en Afrique.
Aussi, si nos gouvernements laissent se poursuivre ce service illégal de Facebook, toutes les autres entreprises numériques peuvent aussi violer la neutralité du net et proposer leurs propres «enclos numériques» gratuits.
Ainsi, l'Afrique évoluera en un continent numériquement fracturé, incapable de se parler car nous sommes tous sur des micro-réseaux compartimentés et déconnectés.
L’enjeu social, politique et économique d’un écosystème numérique ouvert est trop important pour accepter sa transformation dans une collection de mini réseaux déconnectés.
En conséquence, nous réaffirmons notre volonté de soutenir tout effort qui apporte un internet ouvert, sans discrimination ni colonialisme au plus grand nombre d'Africains, à un prix aussi avantageux que possible.
Nous vous invitons tous à vous mobiliser aux cotés de nos gouvernements afin que cesse l’impérialisme numérique de Facebook sur le continent africain. Notre détermination peut venir à bout de n'importe quel projet de milliardaire fut-il Facebook.
L’ASUTIC recommande aux gouvernements africains:
Mettre fin au colonialisme numérique de Facebook en interdisant le service Facebook Flex;
Garantir l’accès à un internet ouvert et un traitement égal et non-discriminatoire du trafic par des outils de règlementaires de protection de la neutralité du net et d’encadrement des pratiques de gestion de trafic;
Renforcer la transparence des offres;
Développer des outils de diagnostic et surveillance des résaux sur le respect de la neutralité du net par les fournisseurs d'accès à internet;
Créer un espace de signalement des manquements à la neutralité du net.