« On a d’un côté les activistes sur internet,
qui ont une certaine méconnaissance des droits sexuels.
De l’autre côté, les personnes qui travaillent
sur la question des droits sexuels ne sont pas bien
informés sur la gouvernance de l’internet. Il faut donc
qu’une ou deux organisations de droits sexuels soient
en mesure de plaider également pour la liberté de l’information ».
(Syaldi Sahude, TIC et droits pour les activistes de l’internet,
Aliansi laki-laki baru/New Men Alliance)
La restriction de la libre expression, la libre association et la libre circulation de l’information sur l’internet est une tendance de plus en plus répandue dans le monde, et ce sont les activistes des droits sexuels qui en ressentent le plus durement l’intensité et les effets. Les activistes pour les droits des femmes et des homosexuels doivent faire face à des sujets tels que la réglementation du contenu sur la base de la sexualité, la discréditation des informations importantes sur la santé sexuelle, considérées « préjudiciables » à autrui et la violence fondée sur le genre, la sexualité, le militantisme ou les croyances. Toute personne qui s‘élève contre la répression et lutte pour les droits humains, les questions de genre et de LGBTIQ, met en jeu sa liberté et sa sécurité personnelle et risque la fermeture des sites favorables à leurs causes.
La technologie a apporté de nouveaux potentiels d’organisation aux mouvements pour les droits sexuels. L’internet offre en effet une plateforme sécuritaire pour former et élargir la communauté, pour diffuser le plaidoyer et les campagnes d‘éducation, pour augmenter la masse critique et enfin, pour offrir un espace de libre expression sur la sexualité et permettre aux femmes et aux homosexuels de partager leurs expériences.
En 2013, APC a lancé son Projet des droits sexuels pour répondre à ces préoccupations, en étroite collaboration avec ses partenaires en Inde, en Indonésie, en Turquie et en Afrique du Sud, avec l’objectif de créer des relations inter-mouvements entre les droits de l’internet et les droits sexuels. L’objectif général du projet est de protéger, promouvoir et défendre les droits à l’utilisation d’internet des activistes des droits sexuels et des défenseurs des droits humains des femmes (WHRD) afin qu’ils puissent s’exprimer librement et s’associer à d’autres organisations dans le cadre de leur travail.
Ce projet se base sur les apprentissages et les recommandations émises par l’initiative d’APC EROTICS: Projet de recherche exploratoire sur la sexualité et l’internet qui a été développée en deux étapes avec des partenaires d’Afrique du Sud, du Brésil, des États-Unis, d’Inde, d’Indonésie et du Liban.
Cette initiative a notamment permis de mieux connaître les difficultés qu‘éprouvent les activistes des droits sexuels lors de leur utilisation de l’internet. Les réponses à l’enquête menée par EROTICS montraient clairement à quel point l’internet, devenu un lieu de menaces et de restrictions pour le travail en ligne des activistes, constituait malgré tout un outil indispensable au plaidoyer des femmes et des LGBTIQ.
Le Projet des droits sexuels se penche également sur le travail qu’APC mène depuis 2010 à travers le projet Les droits de l’internet sont des droits humains: Garantir la liberté d’expression et d’association sur l’internet pour aider la démocratisation par le renforcement des capacités et le réseautage entre défenseurs des droits humains. Ce second projet découle du travail de longue date qu’APC mène avec notamment la Charte des droits de l’internet publiée pour la première fois en 2001.
Le projet « Les droits de l’internet sont des droits humains » contient plusieurs domaines de travail spécifiques, dont la recherche, le suivi et l’analyse, le plaidoyer pour les droits de l’internet et l’influence sur les politiques, le renforcement des capacités et le soutien aux défenseurs des droits humains des femmes, et le renforcement de réseaux durables pour la défense des droits humains.
Stratégies du projet
La stratégie générale consiste à renforcer les relations entre les mouvements des droits sexuels et des droits de l’internet, à donner un soutien et approfondir les recherches existantes en matière de sexe et de technologie, à mieux comprendre les connexions entre droits sexuels, libertés de l’internet et démocratisation, et à faire progresser l‘écosystème des droits de l’internet. APC travaille avec ses partenaires locaux dans plusieurs pays afin d’effectuer un suivi, un renforcement des capacités, du plaidoyer et du réseautage au niveau national et le cas échéant, connecter ses activités avec les espaces de politique régionale et internationale. Nos partenaires internationaux sont Point of View en Inde, l’Institut Pelangi Perempuan en Indonésie, la Coalition of African Lesbians en Afrique du Sud et Kaos GL en Turquie.
1. Recherche : Les pays partenaires effectuent actuellement des recherches et un suivi en matière de violations des droits sexuels dans le paysage des politiques de l’internet. Le projet comprend également une évaluation stratégique et une analyse inter-mouvements, une cartographie des réseaux, des processus et mécanismes liés aux droits humains à niveau national, régional et international, et organise également des tables rondes et débats au sujet de l’inventaire, du suivi et du plaidoyer des droits sexuels, de l’identité de genre et de la liberté de l’internet.
2. Renforcement des capacités : Le projet a instauré trois modules pour le Programme des Droits de l’internet sont des droits humains d’APC : la violence à l‘égard des femmes, les Principes féministes de l’internet et la sexualité dans les droits de l’internet. Il propose également l’organisation d’activités de renforcement des capacités en collaboration avec les pays partenaires sur la participation aux mécanismes des droits humains, aux divers instruments de l’ONU en la matière et aux réseaux par pays afin d’avoir une meilleur compréhension des principaux thèmes intersectoriels entre droits humains, sexualité et l’internet.
3. Réseautage et plaidoyer : Le projet contribue à la création et au renforcement des réseaux des activistes des droits sexuels et des droits de l’internet en Afrique du Sud, en Inde, en Indonésie et en Turquie. Ceux-ci ont aujourd’hui la possibilité de partager leur expertise et de répondre collectivement à des situations de réglementation du contenu sur internet, d’encourager les réseaux nationaux et d’apporter leur soutien à l’engagement et la participation d’activistes à des événements internationaux, tels que le Forum sur la gouvernance de l’internet ou encore des organismes de l’ONU comme le Conseil des droits humains, la Commission des Nations Unies sur le statut des femmes, le Comité pour l‘élimination de la discrimination à l‘égard des femmes (CEDEF) et le Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
Pays partenaires
Quatre pays partenaires contribueront à l’ensemble des buts et des objectifs du projet et répondront aux contextes spécifiques à leur pays. Il s’agit de :
- Coalition of African Lesbians (Afrique du Sud)
- Institut Pelangi Perempuan (Indonésie)
- Kaos GL (Turquie)
- Point of View (Inde)
Vous pouvez suivre leurs nouvelles et mises à jour sur leurs sites web.
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