Loin d’être « immatérielles », les technologies numériques ont un impact important et croissant sur l’environnement. Il faut des ressources naturelles pour les produire, de l’énergie pour les faire fonctionner, et les déchets électroniques constituent un problème croissant. Même en tenant compte des gains d’efficacité qui peuvent être tirés de ces technologies, il semble clair que ce qui est vrai pour la croissance économique, en général, l’est aussi pour la numérisation : on ne peut pas avoir une croissance infinie sur une planète finie.
La question qui se pose alors, d’un point de vue progressiste, est de savoir comment faire en sorte que le processus de numérisation soit à la fois durable et équitable. Cette question est d’autant plus urgente que la tendance actuelle va exactement dans le sens inverse : nous sommes aujourd’hui confrontés à un processus de numérisation à la fois insoutenable sur le plan environnemental, et profondément inégalitaire sur le plan social. La situation est encore pire si l’on considère que les régions et les populations qui bénéficient le moins des technologies numériques sont aussi celles qui supportent les coûts environnementaux les plus lourds pour leur production et leur utilisation.
Pourtant, à l’heure actuelle, les débats sur la justice numérique et environnementale se déroulent le plus souvent de manière séparée. La justice numérique est discutée sans toujours tenir compte des limites naturelles qui pèsent sur le processus même de la numérisation. Et d’autre part, la justice environnementale est discutée sans tenir compte du défi croissant imposé par la numérisation.
Pour tenter de combler cette lacune, la Just Net Coalition (JNC), en collaboration avec l’Association for Progressive Communications (APC) et le Centre Tricontinental (CETRI), a organisé un événement virtuel de deux jours, les 25 et 29 octobre 2021, qui a rassemblé des activistes et des experts des mouvements pour la justice environnementale, sociale et numérique, avec une attention particulière à la représentativité Nord/Sud.
Intitulée « Articuler la justice numérique et environnementale : un dialogue Nord-Sud », la rencontre s’est déroulée en quatre sessions thématiques.
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1ère session : Le bilan environnemental des technologies numériques ?
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2ème session : À quoi pourrait ressembler une numérisation juste et durable ? Première partie : espoirs et faiblesses des « solutions vertes ».
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3ème Session : À quoi pourrait ressembler une numérisation juste et durable ? Deuxième partie : limites et (re)distribution globale pour une numérisation souhaitable
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4ème session : Implications politiques pour les agendas de la justice numérique, sociale et environnementale
Chaque session a été introduite et encadrée par des présentations d’experts, avant d’ouvrir la discussion avec les participant·es. L’objectif était non seulement de partager les connaissances et les expériences sur ces questions, mais aussi de commencer à jeter des ponts entre les organisations, les mouvements et les régions, en essayant d’identifier des pistes potentielles pour un plaidoyer commun et des mobilisations politiques dans les mois et les années à venir.
Le résultat : un événement passionnant, qui a été quasi entièrement retranscrit dans ce rapport, afin qu’il puisse être utilisé et partagé aussi largement que possible.